Ils étaient une quarantaine d'agriculteurs, membres de la Confédération paysanne, à manifester devant le siège de la Safer à Albi ce 23 novembre. Tous dénoncent les difficultés pour investir dans des terres afin de pérenniser leur exploitation.
"Laissez-nous nous installer", c’est le cri de détresse d'une quarantaine d'agriculteurs de la Confédération paysanne du Tarn. Pour attirer l’attention sur les conditions d’installation de plus en plus difficiles des jeunes agriculteurs, les membres du syndicat se sont réunis devant le siège de la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) à la Maison des agriculteurs d’Albi ce mercredi 23 novembre, à l'occasion de la prise de fonction de son nouveau directeur.
Une action surprise, afin de faire valoir leur parole auprès de l'instance sous tutelle du ministère de l'Agriculture, censée les aider à trouver des terrains pour installer leurs exploitations.
Parmi eux, Christophe Barthes, éleveur bovin en bio à Soual, locataire de ses terres depuis 2019. "J'ai soumis mon dossier à la Safer dès 2018, soupire-t-il, lassé de voir sa situation précaire s'éterniser. Mais j’attends toujours de l'aide pour trouver un terrain, ils ne font pas leur travail."
Des aides limitées à 40 ans
Attendre, c’est devenu le leitmotiv des agriculteurs qui décident de créer leur propre exploitation. À 38 ans, Christophe n’aura bientôt plus droit aux aides d'installation accordées par l'État et l'Union Européenne aux jeunes agriculteurs. Car pour ces nouveaux entrants dans la profession, tout se joue avant 40 ans. Et malgré ses efforts depuis quatre ans, il n’a toujours pas pu investir dans des terres. "Je suis en location pour six ans, au mieux, avec une clause résiliable annuelle", explique-t-il. Impossible, donc, d’envisager un avenir sur cette exploitation de 22 hectares, qui sera bientôt traversée par une autoroute, sans qu’il ne puisse s’interposer.
"On me fait toujours des promesses, de trouver un terrain, mais les petits agriculteurs doivent se contenter des miettes", se désole l'éleveur bovin. Il regrette de voir l'agrandissement de certaines grandes structures quand lui-même ne peut prétendre à détenir sa propre parcelle pour monter une exploitation biologique pérenne. "J'ai besoin d'une situation plus stable pour m'installer et je ne suis pas le seul dans le département à rencontrer ce problème, souligne-t-il encore. Si la Safer attend que je sois à la retraite pour me trouver quelque chose, c'est problématique."