A la surprise générale, André Boudes est depuis le 22 mai, le nouveau secrétaire fédéral du Parti communiste dans le Tarn. L'albigeois prend la place du castrais Eric Jalade. Divergence de stratégie, jeu de pouvoir, cette élection est vécue par une partie des militants comme un véritable "putsch".
Une éviction surprise
"Un putsch ? Qui aurait intérêt à faire un putsch ? Pas moi ! Je représente une base commune qui a été votée par les communistes du Tarn à plus de 70 %." Sûr de lui, la silouhette imposante, André Boudes balaie les interrogations et les doutes sur son élection à la tête de la fédération tarnaise du Parti communiste.Tout n'est pourtant pas si clair. Le 22 mai dernier, le PC 81 vote le projet de base commune présenté par le Conseil national du PCF et son Secrétaire général, Pierre Laurent. Cette ligne, dont se revendique le nouveau secrétaire départemental, récolte près de 41% des voix. Bien loin des 70 % annoncées. Les autres votes se répartissent sur 4 textes, sans qu'aucun n'obtienne une majorité. Conséquence immédiate : après six ans comme chef de file des communistes tarnais, le castrais Eric Jalade perd son poste de secrétaire fédéral, à la surprise générale.
"Eric Jalade c’est mon ami, c’est mon camarade et cela le reste, explique André Boudes. Ceci dit, il a décidé de s’engager. J’ai décidé aussi de m’engager. Ce sont les communistes qui ont tranché d’une façon très démocratique en s’appuyant sur nos statuts, tout simplement. J’ai considéré que je défendais cette base commune du conseil national et que lui défendait un texte alternatif. Il en avait le droit. C’était légitime. Un texte dont je ne partageais pas l'orientation et qui n’est pas ambitieux."
Un ancien secrétaire fédéral très critique
Eric Jalade, très critique ces dernières années vis à vis de sa direction nationale, accepte difficilement la façon dont il a été évincé. Il s'en explique dans cette entretien.André Boudes l'assure : "il n'y a pas de division dans notre fédération". Pourtant, pour une partie des militants, ces changements à la tête du PC 81, soutenue par les sections d'Albi et de Carmaux, ne passent pas. Beaucoup y voient le retour d'anciens dirigeants à la reconquête du pouvoir.
L'influence de Roland Foissac
Un homme cristalise l'attention. Il se nomme Roland Foissac. A 71 ans, la figure politique locale s'affiche aux côtés du nouveau secrétaire fédéral, prodiguant conseils et recommandations. Depuis la perte de son siège l'an dernier au Conseil départemental, l'élu communiste de la mairie d'Albi est de tous les combats et ne rate aucune mobilisation sur le terrain : loi travail, défense des services publics, barrage de Sivens.Une façon de continuer à exister et de peser pour cet accro à la politique et au pouvoir, raille l'un de ses ennemis politiques.
Un épisode revient régulièrement dans les discussions de couloirs du Conseil départemental du Tarn pour illustrer ce penchant. L'an dernier, lors de l'installation de la nouvelle assemblée, Roland Foissac est là. Non pas comme élu. Ni comme simple spectateur mais en tribune de presse comme journaliste pour les Nouvelles du Tarn, le journal du PC 81. Le symbole pour beaucoup de son incapacité à accepter de perdre de son l'influence.
"Aucun règlement de compte. Aucun enjeu de pouvoir"
Sa volonté de revenir sur le devant de la scène politique serait l'une des raisons des turbulences rencontrées au sein de la fédération communiste. Un argument rejeté par le principal intéressé : "Le débat qui a eu lieu n'a rien à voir avec ce qui traverse d'autres partis. Aucun réglement de compte. Aucun enjeu de pouvoir mais la meilleure stratégie pour pouvoir se projeter vers ce travail de rassemblement." Un rassemblement qui vise à regrouper dans le Tarn toutes les forces de gauche opposées à l'actuelle politique du gouvernement socialiste avec en ligne de mire les élections législatives de 2017. Voir le reportage de Sylvain Duchampt et Nicolas Bonduelle