Les jurés n'ont pas suivi l'avocat général qui demandait l'acquittement et invoquait la légitime défense. Luc Fournié a été condamné à 7 ans de prison par les assises du Tarn. Il a décidé de faire appel.
Le buraliste de Lavaur (Tarn) Luc Fournié a été condamné, mercredi, à sept ans de prison pour avoir tué en 2009 un cambrioleur de 17 ans d'un coup de fusil de chasse, la cour ayant jugé sa riposte "disproportionnée". Il a immédiatement décidé de faire appel.
La cour d'assises d'Albi a estimé que M. Fournié était coupable du meurtre de Jonathan Lavignasse et de blessure sur Ugo Bernardon et a rejeté la qualification de légitime défense, demandée par l'avocat général.
La cour a condamné M. Fournié à sept ans d'emprisonnement au motif essentiel que "sa riposte avait été disproportionnée compte tenu du temps écoulé" - quatre jours - entre le moment où la soeur de M. Fournié avait constaté que les barreaux d'une fenêtre du bar-tabac avaient été endommagés et le drame.
EN VIDEO / le reportage de Sylvain Duchampt et Nicolas Bonduelle
Dans son réquisitoire, l'avocat général Pierre Bernard, avait lui estimé que l'accusé "avait eu la conduite parfaitement adaptée" et qu'il "était dans une situation de danger imminent".
Dans la nuit du 14 décembre, M. Fournié, 58 ans, avait tué d'un coup de fusil de chasse Jonathan Lavignasse, venu cambrioler son bar-tabac avec son ami Ugo Bernardon.
"M. Fournié s'est retrouvé face à deux silhouettes dans l'obscurité, il était mort de frousse", avait indiqué l'avocat de l'accusé, Me Georges Catala. "Le droit à la peur, c'est le droit de défendre sa personne", a-t-il ajouté lors de sa plaidoirie. Dès l'annonce du verdict, il s'est déclaré "sidéré par le fait que la justice vienne frapper un homme honnête" et a indiqué que son client allait faire appel.
M. Fournié habitait dans un appartement spartiate au-dessus de son bar-tabac avec sa mère, sa soeur et son neveu. "Ce que je défendais c'est une famille", avait-il déclaré juste avant que les jurés se retirent pour délibérer.
La nuit du drame, M. Fournié, alerté par du bruit, s'était rendu à l'étage de son établissement s'emparer d'un fusil de chasse, déjà chargé. Suivi par sa soeur, il était descendu et "pris par la peur et la panique j'ai tiré sans viser", avait-t-il indiqué pendant l'audience.
Touché au ventre, Jonathan s'était effondré et Ugo, son acolyte, avait pris la fuite. "Vous avez ensuite enjambé le cadavre de Jonathan et tiré dans la direction du fuyard", a souligné Me Maisonneuve.
M. Fournié et sa soeur s'étaient dits "surpris" de découvrir un jeune homme gisant à terre. "On pensait pas à des jeunes, mais à une bande de Roumains", avait déclaré lundi à l'audience la soeur de l'accusé.
"Nous sommes particulièrement satisfaits", a déclaré à la presse Me Maisonneuve à l'annonce du verdict. "C'est important qu'on dise que dans ce pays on ne peut se faire justice soi-même", a-t-il ajouté.