"Ô la belle vie" s'intéresse à l'héritage industriel de Mazamet

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Sophie Jovillard sur les hauts de Mazamet
L’entreprise familiale mazamétaine Tournier a su se réinventer et suivre les évolutions technologiques pour créer par exemple des tissus innovants avec des fibres hyper résistantes. ©Grand Angle / France Télévisions

Riche d'un patrimoine naturel et industriel exceptionnel, la ville de Mazamet dans le Tarn, s’impose au XIXème siècle comme la capitale mondiale du délainage. "Ô la belle vie" s'intéresse à ces irréductibles qui continuent de perpétuer, à leur manière, l’héritage d'un âge d’or révolu.

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Sophie Jovillard s’entoure de Rémi Cazal, un historien mazamétain, incollable sur l’histoire de sa ville et de ses ressources, comme le textile et le cuir, qui ont fait la renommée de Mazamet et de sa région.

Bien avant l’arrivée des industries, le travail de tissage de la laine se pratiquait déjà dans les fermes mazamétaines et dans les ateliers artisanaux installés dans les villages. Au XVIIe siècle, Mazamet est déjà la reine des tissus somptueux de haute qualité.

L'âge d'or du délainage 

Le patrimoine naturel de la région favorise le développement de l’industrie laineuse. En effet, l'élevage d’ovins, déjà installé dans ce terroir de moyenne montagne (noire) et la qualité des eaux de rivières, assurent un traitement optimal de la matière première : la peau de mouton. Pour parfaire le tout, sont utilisées des teintures réalisées à base de plantes locales, comme la garance, le pastel ou encore le tournesol.

L’âge d’or de l’industrie du délainage de la peau de mouton commence en 1851, jusqu’à la fin du 20ème siècle. La vallée de l’Arnette comptait des dizaines d’usines 

Rémi Cazal, historien

Une épopée industrielle et un succès dû au savoir-faire d’hommes et de femmes comme, Pierre-Elie Houlès, qui, vers 1850, donne le coup d’envoi à une technique unique au monde : celle du délainage à partir du procédé dit, de "l’échauffe". Une pratique qui consiste à faciliter l’arrachage, en ouvrant complétement les pores de la peau, sans abîmer la matière. Cette maitrise est à la base de la renommée de la ville, les usines finissant par côtoyer des territoires du monde entier pour s’approvisionner en peaux lainées. Parmi eux, l’Argentine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du sud, l’Afrique du nord, l’Europe, etc 

Aujourd’hui, des irréductibles continuent de perpétuer, à leur manière, l’héritage de cet âge d’or industriel révolu.

Les héritiers d'un savoir-faire local

Pierre Bonneville est le vice-président de la filature Tournier. Une véritable institution familiale et indépendante.

Fondée en 1865, l'entreprise textile est aujourd'hui labellisée "Entreprise du patrimoine vivant" et "France terre textile", un label qui garantit qu'au moins 3/4 des opérations de productions sont réalisées en France. « Nous n'avons jamais envisagé de délocaliser » explique le dirigeant à Sophie, en lui précisant : « On est mazamétains et on essaye de faire travailler le maximum de mazamétains ».

Pierre Bonneville et les siens représentent la sixième génération à mener cette entreprise détenue par les membres d’une même famille, depuis 150 ans.

L’institution mazamétaine a su se réinventer et suivre les évolutions technologiques en créant, par exemple, des tissus innovants avec des fibres hyper résistantes (15 fois plus que l’acier). Elle est ainsi devenue, entre autre, le leader mondial du tissu anti-perforation pour les tenues d’escrime.

L’essor de l’industrie laineuse donne naissance à un autre fleuron : celui de la mégisserie et de la maroquinerie. Une ressource aujourd’hui, toujours précieuse. Attiré par le travail du cuir, Jérôme Verdier, reprend en 2008 l’entreprise familiale Alran qui perpétue un savoir-faire depuis 1903. Il explique à Sophie "la mégisserie est une tannerie spécialisée dans les petites peaux : les ovins et les caprins. Nous sommes spécialisés dans la peau de chèvre" précise-t-il. 

Aujourd'hui, on doit être une trentaine de mégissiers en France et vingt-cinq tanneurs

Jérôme Verdier, dirigeant

Des cuirs de couleurs diverses : sapin, piment, fuchsia, rose, etc. "L’inspiration vient au moment où les couleurs sont créées. Il faut être innovant. Les marques, les artisans recherchent à chaque saison de nouvelles initiatives et de nouvelles idées pour leurs propres productions" précise le dirigeant  à Sophie. On est à fond dans la haute-couture. Des salons sont organisés chaque année. 

Les peaux traitées sont travaillées encore à la main, notamment la chèvre Madras liégée main. Elles sont destinées à la maroquinerie, l'ameublement, la reliure, la gainerie, ou encore, la chaussure. 

Ô la belle vie": Mazamet, l'industrie en héritage à voir le dimanche 19 février 2023. Une émission présentée par Sophie Jovillard. Réalisée par Flo Laval. Une coproduction France 3 Occitanie/Grand Angle Productions.

 

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