L'incendie des centraux téléphoniques de Bessières et de Villemur-sur-Tarn, où des inscriptions au nom du Comité régional d'action viticole (CRAV), ont été découvertes, laisse les gendarmes circonspects, en l'absence de toute revendication de ce mouvement occitan radical des années 70
Les deux centraux téléphoniques détruits par des incendies volontaires près de Toulouse l'ont été presque simultanément, dans la nuit, à Bessières et Villemur-sur-Tarn, privant de communications des milliers d'abonnés du réseau de téléphonie fixe et Internet, Le ou les incendiaires ont fait exploser le central de Villemur-sur-Tarn (commune d'environ 5.600 habitants) tandis que celui de Bessières (3.000 habitants) était détruit par le feu. Pour autant, les inscriptions retrouvées sur les lieux des incendies évoquant le CRAV (Comité régional d'action viticole), un mouvement de viticulteurs en colère dont les premières actions très violentes remontent aux années 70 dans le département de l'Aude, ne sont pas prises pour argent comptant par les enquêteurs de la brigade de recherches de la gendarmerie de Toulouse."Il est trop tôt pour en tirer des conclusions", indique le procureur de la République Michel Valet, au parquet de Toulouse. Il invite d'ailleurs à "rester très prudent" à ce sujet parce qu'une inscription ne renvoie pas forcément à un auteur.
Le sigle du CRAV apparaît dans les années 70. Il s'agit alors d'un groupe occitan radical de producteurs de vin qui revendique toute une série de dégradations, incendies volontaires ou attentats à la bombe. Il s'inscrit dans la lignée des révoltes vigneronnes, dont celle de 1907 à Montpellier, où la répression d'une manifestation de 800.000 personnes fit 7 victimes. Dans les années 70, le 4 mars 1976, le CRAV est l'organisateur d'une manifestation de viticulteurs à Montredon (Aude) où un commandant de CRS et un viticulteur sont tués après une fusillade.
Entre 2006 et 2009, on a recensé 43 actions des Crav dans la région Languedoc-Roussillon.
En juillet 2013, un attentat à la bombe a endommagé les locaux du Parti socialiste à Carcassonne. Des inscriptions visant le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll ont été retrouvées sur les murs du local.
Mais au total, les relations plutôt apaisées par rapport à la grande époque des luttes viticoles entre les vignerons et l'Etat rendent les enquêteurs de la brigade de recherches de la gendarmerie de Toulouse sceptiques. La piste du CRAV n'est qu'une de leurs hypothèses.