Le site PSA d'Aulnay est l'un des plus gros employeurs privés de la Seine-Saint-Denis et l'un des plus emblématiques de la marque Citroën. Alors que PSA annonce sa fermeture en 2014, retour sur son histoire qui est aussi celle des luttes syndicales.
Environ 3.100 salariés, auxquels s'ajoutent 300 intérimaires, travaillent dans cette usine créée en 1973, quand la marque aux chevrons avait dû quitter les terrains qu'elle occupait quai de Javel dans le 15ème à Paris, pour la banlieue.
Après le rachat de Citroën par son concurrent national Peugeot et la création du groupe PSA, elle est dédiée à la fabrication de petits modèles, tout comme celle de Poissy (Yvelines). Ces deux usines se partagent aujourd'hui la fabrication de la C3 de Citroën. En 2011, la production a été de 135.000. A la différence de Poissy, qui fabrique d'autres véhicules, le site d'Aulnay est uniquement dédié à la C3.
La Citroën C3 est le quatorzième modèle en production à Aulnay. Au total, selon PSA, ce sont pas moins de 8 millions de véhicules qui sont sortis du site de Seine-Saint-Denis. Ses 168 hectares sont bordés par les autoroutes A1 et A3 et la voie express Francilienne. Ils sont voisins de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.
Le "compactage", c'est-à-dire la réduction des capacités de production, effectué depuis 2007, a réduit de 30% les surfaces utilisées en l'espace de trois ans. Le nombre des lignes de montage est passé de deux à une et le travail se fait en deux équipes depuis la suppression de l'équipe de nuit en octobre 2010, selon la direction.
Aulnay, usine emblématique de PSA et gros employeur de Seine-Saint-Denis
L'usine, où la moyenne d'âge est de 40-45 ans selon la CGT, fait vivre directement et indirectement environ 10.000 personnes dans un département où le chômage est plus élevé que la moyenne nationale. Il a atteint 11,8% au troisième trimestre 2011, selon l'Insee, contre 9,3% dans l'Hexagone. Aulnay occupe aussi une place importante dans l'histoire de Citroën et de PSA.
Retour sur l’histoire du site d’Aulnay
Avec la fermeture du site d’Aulnay, rappelle Libération, c’est tout un chapitre de l’histoire ouvrière qui va être clos. Dans les années 70, rappelle Libé, une bonne partie des ouvriers étrangers de l’usine d’Aulnay était recrutés directement par Citroën au Maroc, dans la région d’Agadir. «On peut clairement parler d’une gestion coloniale, qui a marqué l’histoire de l’entreprise», résume l’historien Tangui Perron. C’était avant que des jeunes gens issus des quartiers populaires de la Seine-Saint-Denis prennent le relai, comme Ahmed Berrazzel, 30 ans, un tout jeune homme qui a grandi juste à côté de l’usine, dans la cité des Mille-Mille.
En 1982, l’usine est paralysée du 26 avril au 1er juin par un mouvement de grève lié à la remise en cause du rôle du syndicat patronal maison, la CSL, qui tient alors l'usine "d'une main de fer", selon l'historien Jean-Louis Loubet dans son livre "La maison Peugeot".
Cette période est marquée par de violentes bagarres entre des syndicalistes CSL et ceux de la CGT. Elle emploie alors 6.250 salariés. En 2007, les ouvriers cessent aussi le travail pendant six semaines, entre février et avril, en pleine campagne présidentielle, ce qui leur vaut le soutien des candidats de gauche.
20 ans après la fermeture de l'usine Renault de Billancourt. C’est donc aujourd'hui un autre symbole de l'industrie automobile française qui s'écroule, l'usine d'Aulnay a été créée il y a 40 ans. A l'époque, elle était citée en exemple. Alors comment en est-on arrivé là ? Voir ci-dessus le sujet de Mathieu Caillaud et l’éclairage de l’historien Jean-Louis Loubet, auteur de l’ouvrage "La maison Peugeot".