"La belle princesse" serait un Léonard de Vinci. Une oeuvre qui divise le milieu de l'art.

Vendu comme une oeuvre d'un peintre allemand à Peter Silverman, un collectionneur canadien, ce portrait a été authentifié par de nombreux experts comme un Léonard de Vinci, mais reste contesté par certains musées nationaux.

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Gardée dans un coffre à Genève, ce portrait est-il l'oeuvre du grand Léonard ou d'un obscur peintre allemand ? 
Le tableau "La belle princesse" aurait été identifié comme le treizième portrait de Léonard de VinciEt c'est un véritable trésor qui enflamme le milieu de l'art. 

Ce
 vélin (dessin à l'encre et à la craie), de la taille d'un livre de 29 cm de long, montre le profil d'une jeune femme aux yeux verts. Les couleurs sont restées aussi lumineuses qu'une peinture.

C'est en 1998 que Peter Silverman repère le dessin mis en vente par Christie's à New York, catalogué "allemand, début du XIXe siècle" lors de sa mise aux enchères. Il assiste donc à la vente, à New York. Ne pouvant pas surenchérir, l'oeuvre, attribué pour 19 000 dollars, lui échappe de peu. Coup du destin: neuf ans plus tard, il retrouve La Belle princesse à New York, chez une célèbre marchande d'art, Kate Ganz. Cette fois, il achète le dessin, dont le prix n'a pas varié, bien décidé à identifier son auteur.

Peter Silverman reste persuadé qu'il a déniché un trésor de la Renaissance et non du 19e. Quelques collectionneurs, dont une experte du Louvre conforte son intuition. Ce collectionneur canadien décide de s'adresser en 2007 au laboratoire parisien Lumiere Technology. 

Grâce à une caméra à très haute définition (12 000 pixels) dotée de 13 filtres qui délivrent au final 3,12 milliards d'informations, Martin Kemp et Pascal Cotte découvrent une empreinte palmaire sur le tableau. Une empreinte similaire à celle trouvée sur d'autres tableaux du maître. Le carbone 14 situe l'oeuvre aux environs du XVIe siècle et l'identité de la jeune femme est révélée : Bianca Sforza.

M. Silverman présente alors le dessin à Martin Kemp, professeur émérite d'histoire de l'art à l'université d'Oxford, spécialiste du maître toscan. En octobre 2009, M. Kemp attribue l'oeuvre à Léonard et la baptise "La Belle princesse". Il pense que le portrait est celui de Bianca Sforza, fille naturelle de Ludivico Sforza, duc de Milan, mariée à treize ans au commandant Galeazzo Sanseverino.

Les recherches s'orientent alors vers les Sforziade, recueils réalisés à la gloire des Sforza. L'un des quatre répertoriés, imprimé à l'occasion du mariage de Bianca, fille illégitime de Ludovic, retient l'attention.

Pour le consulter, Pascal Cotte et Martin Kemp s'envolent pour la Pologne. Quelques pages du codex, conservé à la Bibliothèque nationale de Varsovie, ont effectivement disparu et les trois orifices repérés sur le dessin correspondent à ceux de la reliure.

 


Conclusion : le portrait a été découpé, puis collé sur un panneau de chêne, ainsi qu'il apparaît aujourd'hui. L'authenticité paraît cette fois indéniable. Et la valeur du dessin fait un brusque bond à 100 millions de dollars. Ce treizième portrait de Léonard de Vinci est estimé aujourd'hui à plus de 150 millions d'euros.

Peter Silverman espère qu'un richissime mécène en fera l'acquisition "pour la mettre à la disposition d'un musée et du public". Il a d'ailleurs prévu de reverser 80 % du produit de la vente à des causes humanitaires. Et il formule un voeu. Qu'en 2019, lorsque seront célébrés les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, sa Belle Princesse soit exposée à côté des autres chefs d'oeuvre du maître.  



Qui est Peter Silverman ?
Peter Silverman est canadien et collectionneur d'art indépendant ; il vit à Paris et à New York.
Depuis quarante ans, il écume galeries et salles de ventes, il a à son actif la redécouverte de plusieurs tableaux mal catalogués, dont trois Van Dyck et un Raphaël. Son oeil aiguisé a toute de suite identifié "la belle princesse" comme un Léonard de Vinci.

"La princesse perdue de Léonard de Vinci", publié chez Arte Editions et les éditions Télémaque, raconte en 286 pages l'histoire de cette oeuvre, également héroïne d'un documentaire américain (2011) de David Murdock diffusé sur Arte.
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