Un imbroglio juridique après la cession de la société Litwin à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) a mené mardi les 59 salariés, qui ne perçoivent plus leur salaire, devant le conseil des prud'hommes de Nanterre.
Placé en liquidation, la société Litwin, un bureau d'études travaillant pour l'industrie pétrochimique, a été cédée mi-avril à Informap Production, une société basée à Dubaï. 59 salariés ont été gardés par le repreneur, qui devait créer la nouvelle entité dans un délai de trois mois.
Depuis, "la nouvelle société n'est pas créée donc nous ne pouvons pas faire reconnaître nos droits et la situation commence à être intenable", selon Fabian Piednoel, secrétaire adjoint CFTC au comité d'entreprise.
Les salariés sont "livrés à eux-mêmes" et n'ont pas perçu leurs salaires, se désole-t-il. Sans existence juridique, les salariés se disent sans recours et se voient dans l'obligation de se présenter chaque jour sur leur lieu de travail, où il n'y a pas d'activité, pour ne pas abandonner leur poste.
"On a vidé des bureaux, on entretient les locaux", raconte une salariée, qui a requis l'anonymat. "Quand on a été repris, on était soulagé de ne pas être au chômage, mais si on avait su ce qui nous arriverait...", ajoute la quinquagénaire.
"Le repreneur n'assume aucune fonction et c'est le comité d'entreprise qui supplée à ses manquements en versant notamment une aide aux personnels", a dénoncé le secrétaire CFDT du CE, Jean-Marc Fournier.
En juillet, face à cette situation, le tribunal de commerce de Nanterre a nommé un mandataire, Me Francisque Gay. Le repreneur a alors apporté des fonds, qui ont permis de payer le 19 juillet les salaires d'avril et mai.
Les salariés ont saisi en référé le conseil des prud'hommes pour obtenir le versement de leurs salaires de juin et juillet.
A l'audience, mardi matin, la représentante du mandataire s'est définie comme "un passe-plat", au cœur d'une "situation atypique".
Dans un courrier reçu lundi soir par le mandataire, le repreneur invoque des difficultés dans les formalités pour créer la société en France et il réclame un délai supplémentaire. "C'est honteux !", a lancé l'avocate des salariés, Me Hava Macalou, "Personne ne peut vivre quatre mois sans salaire".
"Nous n'avons aucun justificatif que les démarches ont bien été entamées", a-t-elle également relevé. Demandant au conseil d'enjoindre le repreneur à verser les salaires avec une astreinte de 500 euros par jour de retard et par salarié, Me Macalou a toutefois noté que "tant que la société n'est pas immatriculée, c'est le serpent qui se mord la queue".
Le conseil de prud'hommes rendra sa décision le 21 août.