Le maire du 8e arrondissement de Paris, F. Lebel s'est attiré mercredi les foudres d'élus de gauche comme de droite, en estimant que la légalisation du mariage homosexuel pourrait ouvrir la porte à la polygamie, l'inceste et la pédophilie
Les propos de François Lebel suscitent des réactions unanimes de la classe politique.
La droite se désolidarise
Premier à réagir hier, l'ancien Premier ministre François Fillon n'a dans un premier temps pas condamné le maire. "Le président de la République et le Premier ministre feraient bien de réfléchir à deux fois avant d'ouvrir ce débat maintenant (...) On va voir les Français se diviser très profondément et s'insulter. On va voir l'homophobie remonter", a-t-il averti le matin. Puis dans un tweet en début d'après-midi, il a condamné des propos "qui n'ont pas leur place dans le débat".
De même, Jean-François Copé à qui M. Lebel a apporté son soutien pour la présidence de l'UMP, a d'abord rappelé son engagement contre l'homophobie avant de condamner les propos du maire. Un de ses proches, le député Franck Riester, a pointé des "amalgames indignes d'un élu de la République".
Les élus UMP de Paris, "copéistes" comme "fillonistes", se sont démarqués de leur collègue qui avait uni Nicolas Sarkozy et Carla Bruni en février 2008. "Il n'engage en rien l'UMP dans ses déclarations excessives et caricaturales", selon le président de la fédération UMP Philippe Goujon.
"Comparer insidieusement, sous forme interrogative, et de manière aussi provocatrice l’amour entre deux personnes du même sexe à l’inceste, à la pédophilie ou à la polygamie sont des propos d’un autre temps", écrivent dans un communiqué commun Delphine Bürkli et Vincent Roger, élus UMP parisiens. "Ils sont pour nous à l’opposé des valeurs républicaines, humanistes et de tolérance qui constituent le socle idéologique de l’Union pour un Mouvement Populaire", ajoutent-ils.
"Aux Parisiens, je veux dire que je ne me reconnais nullement dans ces propos. La droite dans son ensemble doit refuser une telle dérive et il appartient à chacun de ses responsables de mettre un terme à de tels dérapages", juge Pierre-Yves Bournazel, soutien de Jean-François Copé dans la capitale.
Dans son ensemble, la droite parisienne se démarque de François Lebel pour ne pas apparaître comme la droite ringarde bricardée par la gauche de la capitale.
La gauche condamne
Porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a fustigé des "propos irresponsables (qui) alimentent le rejet, les stigmatisations et les violences dont sont victimes les homosexuels et leurs familles".
Le premier secrétaire du PS par intérim Harlem Désir a déploré "le retour sur le devant de la scène de la pire droite réactionnaire". Le débat sur le mariage et l'adoption pour tous "ne doit pas souffrir de caricatures ou de propos infamants comme cela avait pu être le cas de la part de nombreux responsables de droite lors des débats sur le PACS", a affirmé l'eurodéputé.
Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë avait, après ses adjoints Anne Hidalgo et Christophe Girard, dénoncé la "contribution scandaleuse" de M. Lebel, une "faute morale et répréhensible sur le plan pénal".
"C'est en sapant continuellement l'identité et la vie des familles homoparentales que certains individus comme François Lebel contribuent à attiser l'homophobie", a dénoncé l'Association des familles homoparentales (ADFH).
Seule voix discordante, le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), présidé par le député-maire de Cholet Gilles Bourdouleix, a apporté son "total soutien" à M. Lebel.
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