Ce dimanche 17 novembre, des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées pour manifester contre le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels, à l'appel cette fois de l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes.
Les manifestants se sont rassemblés peu avant 14H30 devant le ministère de la Famille, dans le VIIe arrondissement, avant de se diriger vers l'Assemblée nationale, où devait se terminer la manifestation, derrière une large banderole sur laquelle était écrit "Un papa, une maman, pour tous les enfants".
Reportage d'Olivier Chapelet et Yves Dewulf :
Parmi les manifestants figuraient de nombreux jeunes gens, certains en soutane, mais aussi des retraités et des familles, brandissant pour certains des drapeaux bleu-blanc-rouge, des croix chrétiennes ou des banderoles siglées de fleurs de lys. "Notre objectif, c'est de mener une véritable bataille pour la sauvegarde de la famille et de l'enfant", a déclaré à un petit groupe de journalistes Alain Escada, responsable de Civitas, forçant la voix pour recouvrir le
son des hauts-parleurs, diffusant à plein volume des morceaux de musique classique. "Le mariage homosexuel, c'est la boîte de Pandore qui va permettre que d'autres revendiquent le mariage polygame ou le mariage incestueux", a-t-il ajouté, assurant vouloir "libérer la parole des Français".
Cette manifestation contre le mariage gay fait suite aux défilés de samedi dans plusieurs villes de France, auxquels ont participé près de 100.000 personnes à l'appel du collectif "La Manif pour tous". Ce dernier se dit apolitique et non confessionnel, et a tenu à se démarquer du rassemblement de dimanche.
L'institut Civitas, qui souhaite "rechristianiser la France des clochers et des cathédrales", revendique 1.200 adhérents et un réseau de sympathisants d'environ 100.000 personnes.
Pour Alain Escada, l'homosexualité est un "mauvais penchant qui nécessite d'être corrigé et une personne qui a de tels penchants devrait être abstinente".
La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a dit dans la matinée "respecter l'inquiétude" des manifestants descendus dans les rues, mais a affirmé que le gouvernement "ne renonce pas" à son projet de loi.
Najat Vallaud-Belkacem qualifie de "dérapage" le mot d'ordre de la manifestation
Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, a qualifié dimanche (sur France 3) de "dérapage" le mot d'ordre - "non à l'homofilie" - de l'institut Civitas.
"Nous dénonçons évidemment tous les dérapages, et tous les amalgames qu'on a quand même beaucoup entendus dans le débat ces dernières semaines", a déclaré Mme Vallaud-Belkacem. A la question de savoir s'il fallait des actions en justice ou interdire des manifestations, elle a rétorqué: "ça peut aller jusque-là, il faudra voir ce qu'il en est pour la manifestation de cet après-midi".
"Il ne s'agit pas pour le gouvernement de diviser la société ou d'offrir à certains des droits particuliers au détriment d'autres", a-t-elle expliqué, soulignant que les enfants qui vivaient actuellement dans de familles homoparentales ne bénéficiaient pas de la protection de la loi, par exemple si l'un des parents décède. Elle a estimé que "le débat a déjà eu lieu", alors que le Parti socialiste affirme depuis 2004 sa volonté de mettre en oeuvre cette réforme.