Des idées de sorties pour le week-end avec l'agenda culture de Jean-Laurent Serra
« Fills Monkey » actuellement au Sentier des HallesDerrière leur look de garçonnets très sage, les Fills Monkey, alias Yann Costes et Sébastien Rambaud, cachent en réalité un duo délirant voir un tantinet excité. Car il suffit de gratter un peu pour ne par dire taper quelques roulements de batterie en leur compagnie pour découvrir très vite la supercherie, avec bonheur. Yann et Sébastien sont en fait deux batteurs géniaux et déjantés qui tape sur tout avec humour et virtuosité. Et quand je vous dis « tout », ce n’est pas un excès de langage, c’est vraiment tout, à condition bien sur que l’objet réponde par un son. Poubelles, panneaux de signalisation, cabine téléphonique ou encore station d’autolib, rien de leur résiste.
Les deux compères ont appris à manier la baguette dans les salles de concerts. C’est après avoir écumé les scènes rockn’ roll avec la chanteuse Anaïs et le groupe « No one is innocent » que les Fills Monkey sont partis explorer les différentes possibilités offertes par la pratique de leur instrument. Et un peu à l’image du célèbre groupe de percussions « Stomp », mais en plus petit, c’est avec leurs baguettes et leurs caisses claires qu’ils écument les salles de concerts en véritables pèlerins de la musique, amoureux du rythme et du détournement d’objets.
Leur performance, aussi technique qu’artistique séduit rapidement le public et malgré quelques envolées vers les sommets des décibels, les bouchons d’oreilles étant vivement recommandés aux personnes des premiers rangs, les deux garçons communiquent leur passion du rythme et leur sens de la dérision au public. Les Fills Monkey sont régulièrement sur la scène du Sentier.
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Pianiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre, Duke Ellington est de ceux que l’on place au firmament des étoiles de la musique et au hit-parade des grands noms du jazz. Et pourtant, ceux qui croyaient tout connaitre du maitre vont être surpris, agréablement surpris, car voici une partition originale que seuls certains amateurs avertis ont eu l’occasion d’apprécier.
Beggar’s holiday est, en effet, la seule comédie musicale pour laquelle Duke Ellington a signé la musique. Ecrite par Dale Wasserman, John Latouche et le Maitre, cette pièce musicale est adaptée de l’opéra de quat’sous. Elle fut jouée à Broadway en 1946 mais connut un arrêt brutal après une centaine de représentations, victime de ségrégation. Car à l’époque, le casting de Beggar’s Holiday qui mélangeait sur le même plateau des acteurs noirs et des acteurs blancs souleva les contestations, et sous la pression de groupuscules racistes qui manifestaient de manière permanente devant le théâtre, les autorités publiques interdirent l’exploitation du spectacle.
Beggar’s Holiday renait donc aujourd’hui à Paris, avec en tête d’affiche un autre « monstre » du jazz mondial. John Altman, compositeur d’une cinquantaine de musique de film dont le carton planétaire « Titanic » a tenu personnellement à encadrer le quatuor d’excellents musiciens qui accompagnent en live, les chanteurs de cette Recréation musicale. Et entendre sonner le saxophone de John Altman sur une partition de Duke Ellington est déjà en soi, une belle perspective.
Pour tenir les rôles principaux, le producteur et chanteur David Serero, s’est entouré de comédiens chanteurs rompus à l’exercice du jazz vocal et à l’aise par rapport à la mise en scène intimiste façon club de jazz. Cette pièce jouée en Français et chantée en Anglais raconte l’histoire d’un mendiant qui rêve de passer un jour de l’autre côté du miroir.
Beggar’s Holiday est à découvrir à l’Espace Pierre Cardin jusqu’au 27 novembre.
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