Depuis une semaine, une soixantaine de mal-logés occupe un immeuble désaffecté rue de Valenciennes dans le Xème arr. de Paris. L'immeuble, ancien siège social du bijoutier Histoire d'Or est vacant depuis plus d'un an.
L' immeuble désaffecté a été "réquisitionné" par Droit au logement (DAL) et Jeudi Noir. Une soixantaine de militants et de familles sans logement occupent depuis le 30 décembre les 2.000 m2 d'un bâtiment ancien de trois étages, situé entre la gare de Nord et la gare de l'Est. L'immeuble est vide depuis deux ans, il appartient à une société hollandaise basé au Luxembourg. Jusqu'en 2010, il abritait les bureaux de la chaîne d'horlogerie et bijouterie "Histoire d'or".
Les familles qui se sont installées dans les lieux ont déjà anticipé cette transformation en installant matelas et affaires personnelles dans les différences pièces bien chauffées, équipées de moquette, situées près de sanitaires et d'une cuisine commune.
Pour Nouzah Lacombe, cette installation offre une pause bienvenue dans le défilé d'hôtels où cette quadragénaire est contrainte de trouver refuge avec ses trois enfants de 10 à 17 ans. Expulsée de son logement après une séparation, elle assure être "prioritaire Dalo" (Droit au logement opposable) depuis 2008, c'est-à-dire que l'Etat a obligation de les reloger, mais ne lui a fait aucune proposition.
Même impasse pour Madiaba Bouaguile, titulaire d'un "CDI", et ses trois enfants, à l'hôtel depuis deux ans, explique cet homme de grande taille, une petite fille dans les bras. Vingt-quatre enfants comptent parmi les occupants de l'immeuble.
Une procédure de réquisition de logements vides pour accueillir des sans-abri a été lancée avant Noël, mais ne pourra aboutir avant la fin de l'hiver, selon le gouvernement, confronté aux critiques des associations et des mal-logés.
A la différence de la maternité désaffectée du XIIe arrondissement occupée la semaine dernière par les deux associations, cet immeuble est "utilisable immédiatement" comme hébergement, affirme le DAL et Jeudi Noir qui souhaitent obtenir pour le bâtiment un projet de conversion rapide en logements.
Voir le reportage d'Isabelle Dupont et Yves Dewulf