Pierre-Yves Bournazel, invité du JT de France 3 Ile de France ce mercredi soir à annoncé sa candidature à la mairie de Paris pour l'UMP. Portrait d'un Rastignac XXI ème siècle.
D'un corrézien à un autre, Pierre-Yves Bournazel sur les traces de Jacques Chirac. L'élu UMP du XVIII ème arrondissement brigue donc la candidature UMP à la mairie de Paris.
Rastignac 2-0
Une ambition qu'il place sous une double légitimité. Agé de 34 ans, il souhaite incarner le renouvellement des générations. Représentant d'un arrondissement où la gauche est largement majoritaire, il veut symboliser la reconquête de la capitale, qui pour l'UMP passe par de bons scores dans la partie est et nord de Paris.
Pourtant c'est dans l'ouest parisien qu'il fait ses premiers pas. En 2005, il entre au cabinet de Françoise de Panafieu, maire du XVII ème. Il en a charge le logement puis la communication. Il sait se rendre indispensable auprès de la future candidate de l'UMP aux municipales de 2008. "Je l'ai vu arriver avec une crête sur la tête. Il avait l'air vif. Il était recommandé par la mairie de Paris. Je me suis dit, il doit voter à gauche", témoigne Françoise de Panafieu. "J'ai vu comment il travaillait. Avec diplomatie et tact. Il a réussi à faire son chemin de façon intelligente", poursuit l'ancienne députée de Paris.
Très logiquement, il est co-porte parole de la campagne aux côtés du plus expérimenté Jean-François Lamour. Il est surtout l'homme de confiance d'une candidate critiquée dans son propre camp. Aujourd'hui encore même en privé, il est l'un des rares élus UMP à ne pas dire du mal de Françoise de Panafieu. "Pendant la campagne, il était toujours positif, toujours la tête hors de l'eau. C'est cela qui m'a frappé", poursuit la candidate d'alors.
Parrallèllement, il est candidat sur les listes du XVIII ème et fait son entrée au conseil de Paris en mars 2008. Le voilà dans la place.
Rebelle mais pas trop
Panafieu en retrait, il lui faut trouver un nouveau protecteur ou alors s'émanciper. Autour de lui, il tente d'agréger les jeunes élus UMP: la droite Kooples qui s'affirme moderne et en phase avec la sociologie parisienne sur les questions sociétales. La droite la plus ringarde du monde ne passera pas par lui. Vous avez compris le message. Il est ainsi favorable à la célébration des Pacs en mairie contrairement à ses ainés maires UMP d'arrondissement. Avec son double féminin, Géraldine Poirault-Gauvin, élue du XV ème, il tente de faire entendre sa différence tout en restant dans le rang. Un subtil exercice d'équilibriste.
Sage comme une image, il est élu conseiller régional en Ile de France. Mèches et épis rebelles, il soutient Pierre Charon dans sa candidature dissidente aux sénatoriales à Paris contre la liste officielle UMP conduite par Chantal Jouanno. Ses cibles favorites, la fédération de Paris et ses leaders Philippe Goujon ou Jean-François Lamour, jugés "claniques et conservateurs".
La rivalité Fillon/Copé devient un nouvel écrin pour les divisions internes de la droite parisienne. P-Y-B se range du côté du maire de Meaux et soutient son ami Geoffroy Didier de la "droite forte" pour la campagne des motions quand la majorité des élus parisiens rallient François Fillon.
Combien de divisions ?
Avec son think-tank "Générations Paris Seine", Bournazel réclamait depuis plus d'un an la tenue d'une primaire ouverte pour désigner le candidat UMP aux municipales à Paris. Autant dire qu'il salue l'annonce de Jean-François Copé hier.
Est-il pour autant le candidat copéiste dans la capitale ? Rachida Dati, avec qui il a travaillé quelques mois au ministère de la justice est également sur les rangs. Ce n'est donc pas la seule grille de lecture.
Inconnu du grand public,que représente-t-il face à Dati, Fillon, Borloo, Jouanno, NKM, voire Goasguen et Lellouche autres candidats possibles ? "Il est parti pour gagner pas pour faire de la figuration ou lancer un coup d'essai. Ca fait des années qu'il se prépare. C'est des primaires ouvertes à la population. Tout est possible", juge son amie Géraldine Poirault-Gauvin.
"Je ne serai pas un maire tremplin mais un maire à temps plein", déclare Pierre-Yves Bournazel sur le plateau de France 3 Ile de France, dans une formule qui resservira sans doute pour évoquer le parachutage des grands noms évoqués un peu plus haut. Car selon ses proches, il a un créneau à Paris, puisqu'aucune des vedettes sollicitées ne semble avoir une réelle envie de se présenter à l'exception de Rachida Dati.
Très présent dans le XVIII ème arrondissement, comme en témoigne sa page Facebook qui relate la moindre visite chez les commerçants, il mettra en avant son ancrage local. Aux dernières législatives candidat face au socialiste Christophe Caresche, il obtient 30% des voix. Pas terrible en valeur absolue mais c'est l'un des meilleurs scores de droite dans les arrondissements très ancrés à gauche. "C'est un ambitieux, ça c'est sur", témoigne Christophe Caresche. "Mais il faut reconnaiître qu'il se présente dans un arrondissement pas facile. Il a le mérite de la constance et de ne pas avoir déserté, de s'accrocher", poursuit son adversaire socialiste.
Cette faiblesse, il va la retourner à son avantage pour asseoir sa légitimité. Il est le seul représentant de la droite qui souffre électoralement à Paris, un contre-exemple des baronnies UMP de l' ouest parisien. "c'est un garçon de talent, mais l'UMP parisienne est un sacré panier de crabes. La vieille garde tient encore la dragée haute, elle n'est pas prête à tourner la page de la tradition dans laquelle elle est engoncée", estime Ian Brossat, concurrent Front de gauche de Bournazel dans l'arrondissement.
L'organisation d'une primaire à Paris est pour l'instant de l'ordre du voeu pieux. Est-elle réalisable logistiquement dans des délais si courts ? Mais si Bournazel y participe, c'est dans l'espoir de réaliser ce qu'ont pu faire Arnaud Montebourg ou Manuel Valls lors de la primaire socialiste pour la présidentielle.
Se faire connaître et devenir un élement charnière du rassemblement futur.