Louis Caprioli, Responsable de la lutte anti-terroriste à la Direction de la Sûreté du Territoire (DST) de 1998 à 2004, est aujourd'hui conseiller du groupe de gestion et d'analyse des risques Geos, basé à Ivry. Il a répondu à nos questions sur les menaces terroristes qui pèsent sur la capitale.
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a estimé que la "menace" d'attentats était "très forte et permanente" en France et que "la plus grande vigilance doit permettre d'empêcher des actes sur notre sol". Info ? Intox ? Qu'en est-il vraiment ? Quid de Paris, capitale du pays et, du coup, cible prioritaire naturelle de potentielles attaques ? Nous avons interrogé Louis Caprioli, expert du terrorisme car ancien responsable de la lutte anti-terroriste à la Direction de la Sûreté du Territoire (DST) de 1998 à 2004. Il est aujourd'hui conseiller du groupe de gestion et d'analyse des risques Geos, basé à Ivry-sur-Seine.
Après la décision d'intervenir sur le sol malien, quels sont les risques d'attentat sur notre territoire, notamment à Paris ?
Les risques existaient bien avant, on l'a vu avec l'affaire Merah, à Toulouse... mais les opérations menées par la France au Mali et en Somalie pour tenter de récupérer l'otage Denis Allex, peuvent inciter des cellules terroristes à passer à l'action, car elle considèrent que le pays a porté atteinte aux musulmans.
Concernant Paris, c'est le symbole, c'est la Tour Eiffel, les Champs-Elysées, les Grands Magasins... c'est la foule. Merah a frappé à Toulouse parce qu'il connaissait bien la ville. Mais des cellules terroristes, il peut y en avoir partout. Paris, c'est le symbole de la capitale, le symbole du pouvoir... Paris n'est pas devenue la cible n°1 des terroristes. Elle l'est par symbole, mais tout dépend des cellules installées.
Y-a-t-il réellement un risque terroriste malien ?
Il n'y a aucune trace de potentielle cellule terroriste malienne sur le territoire français. Certes, des individus ont pu se rendre au Mali pour faire le Jihad, Sans doute existe-t-il aussi quelques personnes qui sont proches des salafistes et qui vivent à l'intérieur de nos frontières.
Ce que l'on peut dire en tous cas, c'est que la communauté malienne (nombreuse en IDF, notamment à Montreuil, NDLR) est une communauté de travailleurs paisible, sans aucun élément d'hostilité.
«Vigipirate renforcé, c'est de la communication»
Le Chef de l'Etat et le Premier ministre ont annoncé le renforcement du plan Vigipirate, notamment dans les transports et les lieux publics de la capitale... Est-ce une vraie méthode de dissuasion ?
Le plan Vigipirate, c'est davantage de la la communication que de la prévention. Il est évident que ça permet de prendre des mesures plus rapides s'il y a des menaces d'attentat, les militaires étant sur place s'il se passe quelque chose. Mais c'est un système d'alerte, pas un système de prévention comme les opérations que peuvent mener la DCRI ou la DGSE.
Quels sont les conseils que l'on pourrait donner aux Franciliens ? Quels réflexes avoir en cette période de "menace" d'attentats "très forte et permanente" comme le disait le ministre de l'Intérieur Manuel Valls ?
Le plus simple et le plus important, c'est la vigilance auprès des colis, sac, ou valises abandonnés. Pour l'instant, il n'y a pas eu de martyr qui se soit fait sauter en France. C'est un des cas les plus délicats à repérer. Un homme bardé d'explosifs qui a décidé de se faire sauter au milieu de la foule, ça reste presque indécelable.
Enfin, la France a déjà eu des période de plan Vigipirate renforcé. La menace est-elle sur une courte durée ? Où peut-on être frappé n'importe quand ?
S'il y avait des cellules prêtes à passer à l'action, les services de sécurité auraient déjà agi, ou seraient sur le point de le faire dans les jours qui viennent. S'il ne se passe rien dans un futur très proche, on peut penser qu'il ne se passera rien. ou que les gens aux mauvaise intentions auront été arrêtés.