Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé mardi l'expulsion "dans les prochains jours" de plusieurs prédicateurs et imams radicaux étrangers. Une source proche du dossier parle notamment d'un imam "très charismatique et populaire" de Seine-Saint-Denis.
C'est lors d'une conférence internationale à Bruxelles sur la lutte contre les extrêmismes violents que Manuel Valls a annoncé ce mardi l'expulsion "dans les prochains jours" de plusieurs prédicateurs et imams radicaux étrangers. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de la prévention du processus de radicalisation et de la lutte contre l'islamisme radical et le "jihadisme global", a-t-il dit.
Le ministre de l'Intérieur a insisté sur la nécessité d'éviter les amalgames. "Je ne confonds pas cet islamisme radical avec l'islam de France mais il y a un environnement religieux, il y a des groupes qui se réclament du salafisme, qui sont dans un processus politique, qui visent tout simplement à s'accaparer à la fois le monde associatif, les processus scolaires, au fond à mettre la main sur les consciences d'un certain nombre de familles", a-t-il expliqué.
"Nous expulserons tous ces imams, tous ces prédicateurs étrangers qui s'en prennent à la femme, tiennent des propos contraires à nos valeurs, font référence à la nécessité de combattre la France". "De ce point de vue là, il faut être extrêmement ferme et je le serai", a averti le ministre de l'Intérieur, qui n'a pas souhaité en dire plus pour l'instant.
«Un imam de Seine-Saint-Denis populaire auprès des jeunes»
La procédure d'expulsion vise trois personnes, dont un imam de Seine-Saint-Denis notamment mis en cause pour des propos homophobes, d'après une source proche du dossier. "Ce n'est pas quelqu'un de dangereux, il n'a jamais pris de position sur les questions internationales comme la Palestine ou le Mali", a commenté le secrétaire général
de l'Union des associations musulmans du 93, M'hammed Henniche. "Cet imam est très charismatique et populaire auprès des jeunes", a-t-il ajouté, en manifestant sa "grande surprise".
Un arrêté d'expulsion peut être pris quand un étranger représente une menace grave pour l'ordre public. S'il y a urgence ou si l'étranger est protégé (ambassadeur...), l'arrêté émane de l'Intérieur, sinon il est signé par le préfet de son lieu de résidence. L'étranger doit être informé par un "bulletin spécial", qui le convoque devant une commission d'expulsion. Celle-ci doit rendre un avis consultatif motivé. La personne peut alors être reconduite hors de France.
Depuis 2002, au moins 125 arrêtés d'expulsion ont été pris contre des islamistes radicaux, selon une source proche du dossier. L'imam tunisien Mohamed Hammami, expulsé le 31 octobre, est le dernier en date.