Le métier d'agriculteur évolue, et parmi ces bouleversements, le rapport à la vie privée n'est plus abordé de la la même manière par ceux de la génération 2000. C'est le cas de Aldric, éleveur laitier normand mais aussi père de famille.
"J'ai pour objectif de vivre de mon métier mais aussi d'avoir une vie de famille", nous confie Aldric Vandermeersch, éleveur laitier de vaches normandes et de montbéliardes en Seine-Maritime. "Peut-être que je vais passer moins de temps que d'autres à travailler dans mon exploitation mais c'est aussi un choix de vie au départ", poursuit le jeune producteur laitier du pays de Caux.
Agriculteurs et 59 heures de travail par semaine...
59 heures de travail hebdomadaires, c'est selon l'enquête emploi de l'INSEE de 2007, le nombre d'heures travaillées en moyenne par semaine des agriculteurs. Bien au-dessus des 55 heures des chefs d'entreprises ou artisans, et des 44 heures en moyenne des cadres. C'est donc la catégorie professionnelle qui travaille le plus. Et pourtant ce rapport au temps travaillé évolue.... mais aussi une vie hors-champ
Le XXe siècle a vu pour les agriculteurs un grand bouleversement résumé par Alice Barthez sociologue et chercheur à l'INRA, "de la ferme familiale à l'entreprise agricole". Désormais de moins en moins de conjoints travaillent sur l'exploitation, la ferme est moins familiale qu'économique. Mais alors en devenant une activité économique le travail de l'agriculteur se rapproche du travail salarial avec aussi la notion de congés et de temps libre. Selon les études sur les 35 heures, il a été montré que les Français, bénéficiant de réductions de temps de travail, consacrent en priorité ce temps aux activités familiales. Comme l'explique une étude sur les conceptions du temps de travail des agriculteurs de 2007, les agriculteurs ne sont pas en marge de cette tendance ou en tout cas de cette orientation de vie. Sur 3.000 exploitants agricoles interrogés, plus de 60% estiment que leur temps de travail est "un peu trop long long" (40,4%) ou "beaucoup trop long" (22,3%). Il n'y a donc pas de césure entre la société d'un côté et les agriculteurs de l'autre. Eux-aussi aspirent à avoir plus de temps libre que leurs aïeux pour profiter de leurs familles, en tout cas d'une vie hors-champ."Le tout est de pouvoir allier la vie privée et l'exploitation. Tant pis si je produis moins", affirme Aldric. Alors produire moins, adopter des pratiques durables, favoriser les circuits courts, et se laisser un peu plus de temps en dehors de l'exploitation, c'est le choix de vie d'Aldric, un éleveur laitier du pays de Caux.
