Le chef présumé d'un réseau accusé d'avoir fait voler des dizaines de jeunes filles, notamment dans le métro parisien, s'est dit ce lundi étranger aux faits qui lui sont reprochés, mettant en cause un certain "Elvis" et évoquant un complot ourdi par une autre famille.
Le procès des 22 prévenus, originaires de Bosnie-Herzégovine, poursuivis notamment pour association de malfaiteurs, provocation de mineurs à commettre des délits et traite d'êtres humains, s'est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.
"Il y a 500 femmes et enfants qui sont mis en cause. On m'accuse dans cette affaire là, je n'ai rien à voir avec eux, c'est le groupe d'Elvis", s'est défendu Féhim Hamidovic, 60 ans, présenté comme le chef de ce réseau. Face à la présidente, qui égrenait les nombreux témoignages de jeunes filles l'accusant d'avoir été forcées à voler pour son compte et violentées si le montant des vols était inférieur au montant demandé, l'accusé a nié en bloc. "Je ne les connais même pas. Les gitans disaient que c'était Elvis Hamidovic qui les avait envoyées, je ne les ai jamais vues de ma vie", a-t-il répété.
"S'il y a un réseau structuré" comme l'enquête l'a mis au jour, "on verra qui est à sa tête" et "on va voir s'il n'y a qu'un réseau", a déclaré avant l'audience Me Joseph Cohen-Sabban, l'un de ses avocats.
Un chiffre d'affaires atteignant 1,3 million d'euros pour l'année 2009
L'enquête avait permis d'établir que Féhim Hamidovic, installé en Italie, avait un train de vie luxueux, alors qu'il n'avait aucun revenu officiellement déclaré et jouait au poker, mais pas pour moins de 1.500 euros. Il avait été condamné en Autriche à 3 ans de prison pour traite d'être humains. Il encourt ainsi 20 ans de prison, selon Me Cohen-Sabban.
Selon une estimation des enquêteurs, le clan aurait engendré un chiffre d'affaires atteignant 1,3 million d'euros pour l'année 2009. Lorsqu'elles étaient arrêtées, les jeunes filles disaient s'appeler Hamidovic et appartenir à la communauté rom. Le réseau avait été démantelé en novembre 2010 lors d'une vague d'interpellations dans le sud de la France et en Italie. Il avait également des branches en Belgique, en Espagne et en Italie. Le procès se tient jusqu'au 24 avril, à raison de trois après-midi d'audience par semaine.