Mariage pour tous : adopté par le sénat, le texte devra en partie repasser devant les députés

60 heures de débats. Des discussions sur le fond. La Chambre haute vient d'adopter le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux personnes de même sexe. L'article concernant l'adoption a été quelque peu modifié. il devra repasser devant l'Assemblée Nationale. Retour sur cette matinée.

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Il est 11h25. "Mes chers collègues, le Sénat a adopté le projet de texte ouvrant le mariage aux personnes de même sexe". Par ces mots Jean Pierre Bel, Président du Sénat, acte la validation du projet de loi après un vote à main levée. L'émotion est contenue mais palpable. Dans les fauteuils rouges des sénateurs, mais aussi dans les tribunes.

Retour en arrière... Une grosse semaine. Des débats inhabituellement enflammés dans un univers d'ordinaire plus feutré. Des journées qui n'en finissent pas avec peu de suspensions. Deux nuits de travaux... Et ce vendredi, les visages sont fatigués mais les esprits encore bien aiguisés dans l'hémicycle du Palais du Luxembourg pour les explications du vote solennel prévu en fin de matinée. Un dernier tour de piste même si à l'écoute des discours, il ne fait nul doute que le texte va être adopté.

D'ailleurs en marge, Jean-Pierre Michel, rapporteur de la loi se dit confiant avec un texte quelque peu modifié sur la partie adoption par rapport à la mouture issue de l'Assemblée nationale. "Des modifications, qui enrichissent le texte, le calent sans doute mieux juridiquement ; mais quoi qu'il en soit tout à fait compatible avec l'esprit initial. Il pourrait, et nous le souhaitons, être repris conforme par les parlementaires du palais Bourbon, et permettre ainsi à la procédure législative d'être bouclée pour la Gay Pride de juin".

Dans l'hémicyle, sans chercher véritablement à se compter, parce que le sujet dépasse les clivage traditionnels droite-gauche -et au Sénat plus qu'ailleurs- chacun vient affirmer sa conviction et (re)dire sa position, ses arguments déclinés tout au long des travaux.

Un dernier tour de piste : les explications de vote


A Droite, sans surprise on affiche clairement son opposition au changement de société qui se dessine, on s'arc-boute sur cette "invention de droit à l'enfant". Le doyen Gélard, très investi tout au long des travaux, déclare une fois encore que le "mariage homosexuel ne sera pas le même que le mariage hétérosexuel".
Pas d'excès de langage, pas d'effet théâtral, mais la tonalité est grave. Et la diversité des points de vue grande. Dans la majorité sur le projet lui même, puisque Chantal Jouanno, Sénatrice de Paris, fait entendre sa différence et sa volonté de voter ce qu'elle considère comme une avancée. Sur la notion même de débat aussi, puisque certains comme Hugues Portelli (UMP) du Val d'Oise saluent l'engagement de tous, et son homologue de Seine-et-Marne Jean-Jacques Hyest regrette l'immobilisme de la majorité. Un Immobilisme que Gérard Larcher, ancien Président de la Haute Assemblée, qualifie de fronton sur lequel les arguments viennent rebondir. "Cette loi est une faute politique. Vous ajoutez une rupture sociétale à la rupture sociale"  intervient Jean-Pierre Raffarin dans un propos, comme souvent, enlevé.
A Gauche, Catherine Tasca (PS - Yvelines), Eliane Assassi (CRC - Seine-Saint-Denis) et bien sûr Esther Benbassa, (EELV -Val de Marne) particulièrement en pointe tout au long des débats et auteur de nombreux amendements, prennent la parole pour énoncer leur soutien sans faille. Jean-Vincent Placé, Président du Groupe Écologique, élu de l'Essonne, fait référence à sa qualité d'enfant adopté et à ce titre préfère revenir sur la philosophie du sujet, après 60 heures de joutes et de combat sur le terrain du droit : "Oui le mariage, mariage civil est sacré dans nos coeurs. Demain le texte permettra à ceux tous qui s'aiment de concrétiser leur amour dans les valeurs qu'ils veulent transmettre".
Président du Groupe, François Rebsamen, malgré sa lassitude d'entendre les mêmes arguments, souligne ne jamais avoir douté, pour que "cessent les inégalités et discriminations que vivent nombre de nos concitoyens aujourd'hui encore en raison de leurs orientations sexuelles." Et d'évoquer Wilfred pourchassé et molesté il y a quelques jours à peine à Paris.
Georges Patient, (PS) prendra lui aussi quelques minutes la parole pour conseiller à l'opposition de revoir ses idées reçues sur les outremers, territoires présentés comme "un monde rétrograde". En plus de partager sa fierté d'être de Guyane comme la Garde des Sceaux, il entend celle également d'habiter un continent où "des femmes sont chefs d'état, où des pays ont déjà reconnu le mariage homosexuel, jusque et y compris celui dont est originaire le Pape."

Christiane Taubira clôt les débats


"Dans cet hémicycle, l'émotion est profonde, si forte qu'elle remplit cet endroit..." clôt Christiane Taubira. "En votant ce texte, vous renforcez le bien commun, le pacte républicain. En ouvrant cette institution républicaine, vous reconnaissez la pleine citoyenneté de tous.... En permettant à tous de réaliser un projet conjugal, un projet parental, vous contribuez à la paix civile... Dans cette Haute Assemblée, si attachée aux libertés individuelles.. Même si ici nous sommes à la croisée des libertés individuelles et des mœurs ".

Le ton en cette fin de matinée est apaisé et résolument tournée vers l'avenir. Chacun a mesuré l'attente extraordinaire qui existe sur le texte que Dominique Bertinotti présentera devant les chambres sur la famille, dans les prochains mois, notamment pour palier ce qu'à droite comme à gauche on est convenu de qualifier carences de l'adoption et notamment l'adoption plénière.


 
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