Environ 150 personnes représentant les harkis et leurs descendants ont manifesté dimanche à Paris, pour réclamer le respect des promesses de François Hollande sur la reconnaissance de l'abandon par la France, à la fin de la Guerre d'Algérie, de ces supplétifs de l'armée française.
Vieux harkis couverts de médailles, hommes plus jeunes, femmes accompagnées d'enfants s'étaient réunis devant le Palais de Justice, sur l'île de la Cité, à l'appel d'une quarantaine d'organisations. La plupart d’entre eux venaient d'Aix-en-Provence et du Pays d'Aix, mais aussi du sud-ouest ou de l'Ile-de-France.
Après avoir crié des slogans comme "Abandon, trahison, les harkis sont dans la rue" ou "La reconnaissance, c'est maintenant", ils se sont mis en marche vers le ministère des Anciens combattants, dans le VIIe arrondissement, où le cortège a été stoppé par un cordon de CRS. Les manifestants demandaient que le chef de l'Etat "honore ses engagements" et "reconnaisse la responsabilité de l'Etat dans le mauvais accueil dans les camps, et le massacre de plus de 100.000 harkis", abandonnés au moment du retrait français d'Algérie. Parmi leurs revendications: faire du 12 mai une Journée de l'abandon. C'est à cette date qu'en 1962, un échange de télégrammes entre les ministres Pierre Messmer et Louis Joxe avait scellé le refus de l'accueil des harkis en France après les Accords d'Evian, signés en mars de la même année et mettant fin à la guerre.
A l'approche du ministère des Anciens combattants, rue de Bellechasse, les manifestants ont respecté une minute de silence avant de se disperser. Quelques minutes auparavant, ils avaient manifesté bruyamment devant le siège du Parti socialiste, rue de Solférino, où ils ont accroché des banderoles et jeté des tracts dans la cour.
Selon l'un de leurs représentants, un délégué des manifestants devait être reçu par un membre du cabinet du président Hollande, auquel il devait remettre une lettre pour exprimer leurs revendications.
En avril 2012, durant la campagne pour l'élection présidentielle, le candidat Hollande s'était engagé en cas de victoire "à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil des familles transférées dans des camps en France".
Le 25 septembre, le chef de l'Etat a ensuite reconnu la "faute" de la France dans "l'abandon" des harkis, dans un message à l'occasion de la journée d'hommage national aux harkis. Un geste jugé insuffisant par nombre d'associations qui attendaient un décret ou l'inscription de cette reconnaissance dans la loi.