Ce dimanche après-midi, le Strass (Syndicat du travail Sexuel) a appelé à une nouvelle mobilisation contre la pénalisation des clients, du racolage passif et pour la reconnaissance de leur profession. Le cortège va de la place Pigalle jusqu'à République.
Cette manifestation vient clore un week-end de rencontres nationales entre ceux que l'on appelle les travailleurs du sexe : prostitués, escorts, stripteaseurs, acteurs pornographiques, assistants sexuels ou encore animateurs de webcam ou de téléphone rose.
Comment cotiser pour sa retraite lorsque on est travailleur(se) du sexe ? Quel statut adopter ? Comment bénéficier de la sécurité sociale et où se faire soigner ? Comment faire face aux violences et à l’insécurité ? Quelles éventuelles opportunités de ré-orientation ? Ou encore comment s'adresser aux différents médias. Autant de questions traitées dans différents ateliers qui se sont déroulés tout le week-end.
«Ces rencontres permettent de nous exprimer, tant sur nos attentes que nos difficultés», souligne la porte-parole du Strass, Maîtresse Gilda. «Nous portons également publiquement nos revendications. Ce sont aussi des moments privilégiés, car il n’y a pas beaucoup de rencontres entre nous au niveau national», regrette-t-elle.
La dépénalisation du racolage passif en bonne voie
La proposition de loi pour abolir le délit de racolage passif défendue par la sénatrice (Europe Ecologie Les Verts) Esther Benbassa, a été votée le 28 mars 2013 par la majorité de gauche au Sénat. Cela met en porte à faux le gouvernement, la ministre des droits de la femme et porte parole de Matignon voulant, au contraire, abolir la prostitution.
Ce délit, institué par la loi sur la sécurité intérieure du 19 mars 2003, pénalisait « le fait par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une rémunération ».
Les prostitué(e)s qui raccolent leurs clients sont ainsi passibles de deux mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende. Cette pénalisation était censée diminuer les « troubles à la tranquillité publique » et permettre à la police de recueillir des informations auprès des prostitué(e)s sur le proxénétisme.
Ce dimanche les travailleurs du sexe veulent maintenir m=la pression et espèrent voir disparaître rapidement le délit de racolage passif.
La lutte contre la pénalisation des clients
Le gouvernement souhaite désormais adopter une loi en vue de pénaliser les clients. Un projet porté par les abolitionnistes dont l'objectif est de voir disparaître la prostitution.
Les travailleurs du sexe refusent. Selon eux cette loi menacerait directement leur profession. C'est pour cette raison qu'ils doivent à nouveau défiler ce dimanche.
La seule solution pour ceux qui choisissent de pratiquer la prostitution : être reconnu comme des travailleurs indépendants.
Selon un rapport de l’Assemblée Nationale, entre 18 000 et 20 000 personnes pratiqueraient actuellement des prestations sexuelles tarifiées, dont 90% d’étrangers. Pour la grande majorité, ces personnes sont issues d’Europe de l’Est et des Balkans. Par ailleurs, un homme sur huit aurait déjà eu recours aux services d’un ou d’une prostitué(e).
>> Le reportage de Maud de Bohan et Nédim Loncarevic