Le procès d'un homme et de sa femme accusés d'avoir provoqué la mort de leur fils en 2008 dans l'explosion et l'incendie de leur bar, dans le but de toucher l'assurance, s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises du Val-de-Marne.
Les deux quadragénaires, qui comparaissent libres mais sous contrôle judiciaire, sont notamment accusés de "destruction d'un bien appartenant à autrui par l'effet d'une substance explosive ou d'un incendie en bande organisée, ayant entraîné la mort d'autrui". Ils sont aussi poursuivis pour "tentative d'escroquerie à l'assurance".
Dans la nuit du 15 mai 2008, une violente explosion suivie d'un incendie avait ravagé le "Café des Sports" situé dans un petit centre commercial au coeur d'une cité réputée sensible d'Orly (Val-de-Marne).
Dans les décombres du commerce, les secours avaient découvert le corps carbonisé du fils du couple, Samir, âgé de 20 ans. Gravement brûlée, sa mère, Sophia avait été transportée entre la vie et la mort à l'hôpital mais survivra à ses blessures.
Mercredi matin, cette femme, portant toujours un masque qui lui mange le bas du visage et couvre une partie des brûlures laissées par le drame, a écouté le récit des faits dit par la présidente de la cour d'assises, les yeux mouillés par l'émotion, ravalant de temps à autre un sanglot.
Assis à ses côtés, son mari coaccusé, blouson blanc sur polo bleu et blanc, est resté impassible, promenant son regard entre les membres de la cour et la salle d'audience.
"Ce que j'ai vécu, c'est très très dur. Je ne pensais jamais un jour être ici devant vous, (...) je suis traumatisée par ce qu'il s'est passé et je ne le souhaite
à personne", a déclaré la mère.
Dans un quartier en proie à la délinquance et au deal, l'enquête s'était orientée vers la piste criminelle, après que plusieurs témoignages eurent fait état de menaces sur le gérant du bar. Bien vite cependant les investigations bifurquaient et les membres de la famille finissaient par reconnaître que la victime, son frère et sa mère s'étaient rendus au café pour y mettre le feu avec de l'essence achetée par le père.
De multiples incidents avec la clientèle mais aussi l'impossibilité de revendre le commerce auraient décidé la famille à passer à l'acte dans le but probable de toucher l'assurance.
Les deux accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit s'achever vendredi.