La justice civile de Nanterre (Hauts-de-Seine) a débouté vendredi un ingénieur à la retraite qui réclamait plus d'un million d'euros à la Française des jeux, l'accusant d'avoir manipulé le hasard dans ses jeux de grattage. L'homme a annoncé devant la presse qu'il allait faire appel du jugement.
Décision du tribunal ce vendredi, l'affaire avait été mise en délibéré en mai dernier. Le joueur, Robert Riblet, 67 ans, a été condamné à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à la FDJ (Française des Jeux) ainsi que 10.000 euros supplémentaires au titre des frais de procédure.La 6e chambre civile du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre a estimé qu'il n'avait pas apporté la preuve que le rôle du hasard avait été faussé par la FDJ. M. Riblet a annoncé devant la presse qu'il allait faire appel du jugement.
Le sexagénaire avait assigné en 2006 la FDJ et engagé parallèlement contre l'entreprise publique une procédure pénale qui a débouché sur une instruction, toujours en cours.
Après avoir mené une enquête de trois ans, durant laquelle il a rencontré quelque 1.500 détaillants et dépensé environ 33.000 euros en jeux Vegas, Blackjack et consorts, le plaignant soutient que la détermination et la répartition des gains n'ont rien d'aléatoire. Il s'était aperçu que les tickets n'étaient pas répartis au hasard, mais par livrets de 50. Dans trois livrets sur quatre, il n'existait qu'un seul "gros lot" supérieur ou égal à 20 euros, les autres tickets étant soit perdants soit porteurs de montants "dérisoires", avait-il dénoncé.
Une fois le "gros lot" remporté, les tickets continuaient d'être vendus, ce qui constitue, selon lui, une "rupture d'égalité" entre les joueurs. D'après lui, le système a donné lieu à des dérives, certains buralistes et joueurs augmentant leurs chances de gagner en ne piochant plus dans les livrets ayant déjà fourni le précieux ticket.
Pour la 6e chambre civile, M. Riblet "ne démontre pas en quoi les règles de programmation auraient porté atteinte à l'honnêteté des jeux et trompé les joueurs quant à leur espérance de gain", selon le jugement que l'AFP a pu consulter.
"C'est une décision scandaleuse. La justice a botté en touche pour éviter un gros scandale", a réagi Robert Riblet, précisant qu'il attendait maintenant les suites du volet pénal de l'affaire.
Dans ce cadre, M. Riblet a demandé en juin à la juge d'instruction d'entendre un nouveau témoin, un ancien employé d'un courtier mandataire de la FDJ, qui confirme sa thèse.