A Paris et en banlieue la colère gronde contre la réforme des rythmes scolaires. Mardi, mercredi et jeudi, les cours et les activités périscolaires seront fortement perturbés par les différentes mobilisations à l'appel des syndicats.
Ce mardi marque le début d'une semaine agitée dans l'éducation. Deux mois après le retour à la semaine de 4,5 jours dans 17% des communes scolarisant 22% des écoliers du public (les autres embrayeront en septembre 2014), la mise en oeuvre de la réforme, destinée à mieux répartir les cours pour lutter contre le décrochage, reste contestée.
Mardi, grève d'agents municipaux à Paris à l'appel des syndicats CGT et Unsa
Les animateurs réclament des moyens adaptés pour assurer leur mission : plus de personnels, des rémunérations conséquentes.
Jeudi, Bertrand Delanoë, maire de Paris, qui a reçu les syndicats s'est engagé à répondre à ces demandes mais ils maintiennent la pression.
La cantine et les activités périscolaires pourraient être "fortement perturbées", prévient la ville, avec une suspension dans 520 écoles. Dans 22 écoles, ces temps seront assurés de manière "dégradée" (type garderie). Dans 41 écoles, seuls certains temps périscolaires seront assurés. Situation normale dans 80 écoles.
Mercredi, certaines sections départementales du SNUipp-FSU et des parents d'élèves prendront le relais.
Le principal syndicat d'instituteurs réclame de son côté réclame un assouplissement du décret sur les rythmes pour permettre aussi d'autres organisations, et une table ronde avec tous les acteurs pour résoudre les difficultés. Il prône une grève nationale unitaire début décembre.
Des collectifs de parents contestant la réforme appellent sur Facebook à ne pas mettre les enfants à l'école ce mercre'di et à bloquer les établissements.
Sud, minoritaire, appelle à faire grève contre une journée de rattrapage du lundi de la rentrée.
Jeudi, d'autres sections du SNUipp-FSU et d'autres syndicats FO, Sud et CNT appellent à la grève
Les parents devront encore trouver des solutions de garde pour leurs enfants puisque ce jour-là cette grève sera "massive". Selon le SNUipp-FSU 75, avec plus de 150 écoles fermées et au moins 70% de grévistes.
CGT, FO, Sud et Faen, minoritaires dans l'éducation, appellent en même temps à une grève nationale pour l'abrogation du décret. La CGT, première dans la fonction publique territoriale et Sud, appelle aussi les animateurs et Atsem (aides en maternelle) à la grève nationale: la cantine et autres activités périscolaires pourraient être perturbées.
"Par rapport à il y a six mois, il y a une montée en puissance très claire du mécontentement", relève Laurent Frajerman, auteur de "La grève enseignante" et chercheur associé à l'institut de recherche de la FSU, première fédération de l'éducation.
"La situation est plus dangereuse pour le ministre aujourd'hui", mais "rien n'est joué, s'il sait renouer le dialogue social".
Certains pourtant rappellent leur attachement à la semaine de 4,5 jours comme la FCPE, et le syndicat Sgen-CFDT, car les élèves en difficulté ou issus de milieux défavorisés "ont besoin de temps d'apprentissage mieux réparti dans la semaine pour réussir".*
Des élus UMP prennent le relais
A l'approche des municipales, la réforme des rythmes scolaires prend une tournure politique. Un "collectif de maires contre la réforme" de droite composé d'une cinquantaine d'élus menés par Jean-Michel Fourgous, maire UMP des Yvelines, appelle au boycott. À Cannes, Courbevoie, Mâcon, Saint-Maur-des-Fossés, Massy, Le Raincy, Levallois ou Sceaux, ces élus expliquent qu'ils n'appliqueront pas le décret Peillon à la rentrée 2014, «tant que l'impact financier ne sera pas maîtrisé et que l'efficacité contre l'échec scolaire ne sera pas démontrée».
Jean-Michel Fourgous déclare : «Nous n'appliquerons pas cette réforme tant que nous n'aurons pas une étude d'impact économique. L'autre question, c'est de savoir si c'est efficace pour les résultats scolaires». Ces élus seraient prêts à ignorer le décret ministériel qui instaure la semaine de 4 jours et demi. Ils estiment qu'ils ont la loi avec eux comme le déclare une autre signataire, l'UMP Isabelle Balkany, maire-adjointe de Levallois-Perret : «Je vous rappelle que les horaires d'ouverture et de fermeture des écoles sont de la compétence exclusive des maires. Si un maire veut ouvrir ou fermer une école, c'est de son ressort».
Du 19 au 21 novembre, lors de son congrès annuel l'Association des maires de France (AMF) présentera les résultats d'une enquête menée auprès des communes ayant adopté les nouveaux rythmes dès 2013.