L'édito de Daic Audouit, journaliste politique à France 3 Ile-de-France.
Qui êtes-vous pour juger des moments de grâces d’autrui ? Oui, vous là-bas qui depuis deux jours vous moquez de l’interview de NKM dans elle.fr. Les plus féroces, et c’est de bonne guerre, étant ses adversaires qui d’après leurs programmes sont des chauds défenseurs des transports en commun.Par leurs moqueries suggéreraient-ils que ces transports publics en fin de compte seraient simplement le meilleur moyen d’avoir le plus de vues pour un épisode sur le site Vie de Merde ?
Gaussez-vous, gaussez vous, vous qui tweetez régulièrement vos aventures métropolitaines. De votre voisin aux effluves incertaines à votre voisine joliment maquillée. Certes, on est plus souvent proche de la cour des miracles que de celle de Versailles, mais s’ils ne sont pas toujours gracieux, vos instantanés restent des moments de vie. Riez, riez, cyniques en pass navigo. Tant pis pour vous, si vous ne voyez dans le mec chelou qui vous interpelle le poète céleste. Pas de bol pour vos âmes indifférentes si la chanteuse crécelle de la ligne 6 ne vous évoque pas Céline Dion. Nathalie, elle, le transfigure ce quotidien si triste vu par vos yeux si ternes.
Bien sûr, l’exagération (mais bon vu le niveau des questions aussi) flirte avec le démagogisme électoral, mais il y a un vrai fond de sincérité chez NKM. Il faut savoir qu’elle est très heureuse de revivre à Paris notamment pour des raisons familiales. Mettons que les fragrances capiteuses (c’est l’euphémisme pour odeur d’urine) des souterrains participent de cette euphorie.
Hoquetez, hoquetez de vos rires grassouillets, bande d’anonymes blafards. Vous, dans le métro, personne ne vous calcule. Elle, j’imagine, on la questionne, on l’encourage ou on la critique. Mais elle existe. Voilà ce qu’elle doit appeler de “magnifiques rencontres” dans son langage de candidate, là où vos coeurs entravés ne voient que de banales conversations.
Continuez, esclaffez-vous ! Balladur qui a chaud dans le métro. Huchon qui ne connaît pas le prix d’un carnet alors qu’il en fixe les tarifs. Et Nathalie, qui ne connaît pas le prix d’un ticket, qui ne sait pas que des bus roulent après 21 heures (certaines lignes s’arrêtent à cet horaire et c’est ce qui devait être écrit dans la note lue trop vite de son conseiller). Parce que vous, vous connaissez la dotation de la RATP au STIF par hasard?
Quand un politique parle de budget, là il peut dire n’importe quoi. Laurent Guimier et Samuel Laurent seront nos yeux vérificateurs. Mais pour le prix du ticket, du pain et d’une heure de parking Vinci, pas besoin de factcheckers. C’est du concret, c’est du quotidien, çà Madame. 60 millions de sélectionneurs, 60 millions de voyageurs.
Un politique ne devrait jamais parler de métro. Ça va finir par se voir qu’il ne le prend jamais. Et comme certains esprits étroits considèrent qu’on ne peut parler que de ce que l’on connaît, ils se discréditent. Soit ils se trompent, soit ils nous mentent. C’est toujours du perdant-perdant. Au fait, vous devez savoir qu’un conseiller de Paris parmi ses indemnités reçoit un pass-navigo 2 zones gratuitement. On attend avec impatience le prochain classement de celui ou celle qui utilise le plus son sésame.