Manuel Valls a annoncé lundi avoir transmis aux préfets une circulaire qui énumère les outils juridiques leur permettant d'interdire les spectacles du polémiste Dieudonné, plusieurs fois condamné pour antisémitisme.
"Alors que Dieudonné M'bala M'bala s'apprête à entamer une tournée, j'ai considéré qu'il fallait agir", a déclaré le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement à Livry-Gagnan (Seine-saint-Denis). "J'ai adressé cet après-midi une instruction, une circulaire à l'ensemble des préfets. Elle rappelle que les maires ou les préfets peuvent interdire un spectacle pour risque de trouble à l'ordre public."
Le texte, transmis à l'AFP, rappelle qu'un maire peut interdire un spectacle pour faire respecter l'ordre public si les mesures de police classique n'y suffisent pas et à condition que la représentation s'inscrive "dans la suite de spectacles ayant déjà donné lieu à des infractions pénales"; que ces infractions ne puissent "être regardées comme un dérapage ponctuel qu'expliquerait la libre création artistique" et qu'elles soient "susceptibles d'affecter le respect dû à la dignité de la personne humaine".
Ce dernier point fait référence à une décision du Conseil d'Etat du 27 octobre 1995 qui avait validé l'interdiction d'un spectacle de "lancer de nains", reconnaissant explicitement pour la première fois que la dignité de la personne humaine était une composante de l'ordre public.
Pour Manuel Valls, le one-man-show de Dieudonné est "susceptible d'affecter le respect dû à la dignité de la personne humaine (...) car on ne peut pas parler de liberté artistique". "Les préfets ont les moyens juridiques pour agir et ils vont le faire, je n'en doute pas un instant", a-t-il ajouté.
Dieudonné contestera en justice toute interdiction de son spectacle
L'avocat de Dieudonné, Jacques Verdier a indiqué lundi que le polémiste contestera devant la justice administrative toute décision d'interdiction de son spectacle. "Bien sûr il y aura un référé et mon client agira immédiatement contre cette décision qui est visiblement déjà prise", a dit à l'AFP l'avocat.