Michel "Caméléon" Bulté, ancien élu RPR, rejoint le FN à Paris

Michel Bulté, ancien élu RPR de Paris, a rejoint les listes FN dans la capitale. Retour sur le parcours de cet homme jovial qui a couvert tout le champ des étiquettes politiques.

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Ce n'est pas une veste qu'il retourne mais tout un dressing. 

Michel Bulté, ancien adjoint de Jean Tiberi, rejoint le FN à Paris. Il était présent jeudi matin lors de la présentation du programme par Wallerand de Saint-Just. Bulté conduira la liste du Rassemblement Bleu Marine dans le XIX ème arrondissement. 

Auparavant, il a été maoïste, RPR, UDF, UMP et enfin MoDem. "On pourra dire qu'il a fait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Quel con ! Ca me fait de la peine", juge Jean-François Legaret, son ami des années conseil de Paris. 

"Est-ce-que cela me surprend ? Non, oui , enfin....On savait qu'il était multicarte", s'exclame une ancienne élue UDF à la mairie de Paris. 

"Je n'ai jamais trahi que des gens qui s'étaient déjà trahis eux-mêmes", répond Michel Bulté, qui évoque les reniements de Jacques Chirac ou de François Bayrou.

En 1995, Liberation lui offrait les honneurs de son portrait de dernière page. Du club de rugby du Biarritz Olympique à la mairie du 19 ème en passant par l'usine de plastique de Gentilly, le quotidien montrait un élu de terrain classique, labourant son arrondissement à la bonne franquette. «L'emmerdant avec les commerçants c'est qu'ils sont vraiment très fachos", dit-il alors selon le journal.

"C'est par pur opportunisme qu'il rejoint le FN. Ca n'a rien d'un choix politique. Ca veut dire on ne s'occupe pas de moi, je me rappelle à vos bons souvenirs", commente l'élue UDF. 

Michel Bulté était tibériste avant d'être chiraquien. Mais en 2001, il se range du côté de Philippe Seguin. Mauvaise pioche. En 2002, aux législatives, l'UMP investit Lynda Asmani. Candidat dissident, il la devance au premier tour, mais les arrondissements de l'est parisien sont passés à gauche après le départ de Chirac, il s'incline face à Jean-Christophe Cambadélis. 

Sans fief électoral, sa carrière décline, et sa personnalité prend le dessus sur son parcours. "C'est un gars très drôle. Il est à pisser de rire. Je l'aime bien, même si je suis déçue qu'il aille au FN", témoigne l'élue UDF. "Une grande gueule, avec une certaine bonhomie. Un type très drôle", ajoute Brigitte Kuster, maire UMP du 17 ème.

Michel Bulté devient agent d'ambiance au conseil de Paris et au conseil régional d'Ile-de-France, où il est élu. Il se fait une spécialité des combats donquichottesques: candidature à la présidence de l'UMP en 99, candidature dissidente aux sénatoriales en 2004. Je crois me souvenir qu'au début des années 2000, il était passé du groupe UMP au groupe UDF au conseil régional pour une obscure raison administrative. Tout en restant au groupe UMP au conseil de Paris.  "Il aimait bien jouer de son côté décalé", souligne Jean-François Legaret. "Il était copain avec les élus de tous les partis politiques. Ca énervait ses petits collègues de l'UMP", raconte l'élue UDF.

A force d'être décalé, on ne vous calcule plus du tout. En 2005, il rejoint pour de bon l'UDF dénonçant la dérive droitière de l'UMP. On le retrouve en 2007, candidat MoDem aux législatives dans le 15 ème, où il fera un peu plus de 10%. Il apparaît sur les écrans radars en 2011. Il publie une improbable lettre de candidature à la primaire PS pour l'élection présidentielle au nom de "l’Initiative nouvelle des indépendants gaullistes nationaux et sociaux". Depuis plus aucune nouvelle.

"Il replonge en politique. C'est la surprise du chef. Je croyais qu'il avait décroché", réagit Brigitte Kuster, quand je lui apprends la nouvelle. "J'étais gravement malade. Mais voilà je suis ressuscité", plaisante Michel Bulté. Et l'ancien mao-centro-RPR ne se démonte pas quand on lui demande quelle crédibilité a son parcours politique après tant de sinuosités ?

"Je suis atteint du syndrome Good Bye Lenin. Quand je me suis réveillé, tout avait changé. L'UMP est divisée, décapitée, déchirée. J'ai l'impression d'avoir devant les yeux une loose parade dramatique, reposée sur un centre moribond. Pour moi, la seule alternative crédible à droite, c'est le Rassemblement Bleu Marine", explique-t-il, ajoutant que "RBM, ça veut dire rassemblement bon pour le moral". Punchliner un jour, punchliner toujours. 

C'est par Philippe Martel, connu à la mairie de Paris sous Chirac qu'il a approché le FN. Un bon coup à priori. "Sur son nom, je suis persuadé qu'il peut faire son siège dans le 19 ème", juge l'élue UDF. "Hum, je ne sais pas, les gens m'ont peut-être oublié", répond celui qui n'a été maire de l'arrondissement qu'une seule année en 94. 

S'il échoue, MIchel Bulté pourra toujours tenter sa chance du côté d'Europe-Ecologie. C'est la seule étiquette politique qui manque dans son dressing. 

    

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