Les syndicats de taxis parisiens décideront en commun mardi dans la soirée d'éventuelles futures actions contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), alors que le gouvernement a nommé un conciliateur pour parvenir à une "concurrence équilibrée".
Quelques centaines de taxis ont poursuivi les blocages mardi. Contrairement aux opérations escargot encadrées la veille par les syndicats, elles étaient menées dans les aéroports parisiens par "des électrons libres", selon des sources aéroportuaires.
Dans la nuit de lundi à mardi, ces taxis avaient déjà paralysé le périphérique nord.
A l'aéroport d'Orly, les grévistes qui n'étaient qu'une poignée à l'aube ont été rejoints par d'autres au fil de la journée. A 17H00, la mobilisation s'essoufflait un peu mais près de 200 taxis bloquaient les sorties Ouest et Sud de l'aéroport, selon une source aéroportuaire.
Selon cette source, la dépose des clients était tolérée à proximité mais aucun taxi ne chargeait de passager.
A Roissy, environ 150 véhicules ont bloqué pendant plusieurs heures la base arrière des taxis avant d'entreprendre vers 15H00 une action sur l'autoroute A1.
Les syndicats, réunis en intersyndicale, doivent décider d'ici la fin de journée des suites de la grève lancée lundi, la deuxième depuis le début de l'année.
Ils se positionneront sur "ces mouvements spontanés et les actions à venir", a expliqué à l'AFP Abdel Ghalfi (CFDT) en évoquant de probables actions "dans la semaine et la semaine prochaine".
Lundi, environ 1.100 taxis avaient participé aux cortèges partis de Roissy et Orly en direction de la capitale, selon les sources aéroportuaires. Les syndicats (CFDT, CGT, FO, SDCTP et CST) affirment quant à eux avoir mobilisé entre 5.000 et 6.000 taxis (sur environ 20.000 à Paris), deux fois plus que lors de la précédente action, le 10 janvier.
Un député PS nommé "conciliateur"
Pour tenter d'apaiser les taxis, Matignon a reçu leurs représentants lundi soir et le gouvernement a confié mardi au député PS de Saône-et-Loire Thomas Thévenoud le soin de diriger une mission de concertation.
Annoncée samedi, celle-ci devra, d'ici à deux mois, "définir les conditions durables d'une concurrence équilibrée entre les taxis et les VTC", selon le communiqué gouvernemental.
Dans la matinée, Moustafa Hassan du Syndicat des conducteurs de taxis parisiens (SDCTP), avait évoqué "un mouvement le 13 mars et sûrement d'autres mouvements d'ici" là.
Le 13 mars est la date anniversaire de la loi de 1937 réglementant la profession de chauffeur de taxi.
Mais au sein de l'intersyndicale, des voix s'élèvent contre une action conjointe avec les fédérations patronales (la FFTP, la FNDT, la FNTI, la FNAT et l'Unit), évoquée dès janvier à cette date.
Ces fédérations devaient se réunir mardi en fin d'après-midi.
Longtemps protégée, la profession est de plus en plus concurrencée par les motos-taxis et les sociétés de VTC, qui ne peuvent travailler que sur réservation mais que les taxis accusent de prendre des clients à la volée sans avoir les mêmes coûts (leur enregistrement coûte 100 euros alors que les licences des taxis -à 80% artisans et propriétaires de leurs licences- se négocient autour de 230.000 euros à Paris).
L'assouplissement de la législation en 2009 a favorisé la multiplication des VTC, qui ont obtenu il y a une semaine la suspension du décret leur imposant un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge du client.
Cette décision provisoire du Conseil d'Etat a attisé la colère des syndicats de taxis qui jugeaient de toute façon ce décret insuffisamment protecteur.
Les syndicats réclament l'interdiction des applications de réservation de VTC sur smartphone, un délai de réservation minimum de 30 minutes et des courses d'un montant de 60 euros a minima.
Malgré l'augmentation des licences distribuées ces dernières années par l'administration, les taxis restent peu nombreux: quelque 55.000 dans l'Hexagone. Parallèlement, fin 2013, on recensait 6.500 entreprises de VTC (dont la moitié en Ile-de-France) exploitant quelque 12.400 véhicules.