Chaque dimanche jusqu'aux élections municipales, France Paris.fr publie le journal de campagne de Déborah Pawlik, candidate UMP dans le 10 ème. Pour comprendre au plus près ce qu'est une campagne d'arrondissement. De cette semaine, elle retient le meeting de NKM avec Nicolas Sarkozy.
Lundi soir, 17h45, je cours. Comme à peu près tous les jours depuis 6 mois. Sortie du bureau, je file au premier meeting parisien de NKM.
Depuis quelques temps, j'ai plusieurs vies. Métro, boulot, beaucoup de terrain et des nuits courtes rythment mon quotidien, car je suis tête de liste dans un arrondissement que l'on dit de “reconquête”-même si je ne suis pas une adepte de l'expression- tout en poursuivant mon activité professionnelle.
Si j'ai accepté de partager chaque semaine quelques uns des moments de cette campagne vécus de l'intérieur, c'est avant tout parce que la politique reste bien souvent pour toutes celles et tous ceux que je rencontre au quotidien un milieu mystérieux, un espace confiné, d'entre soi, fait de petits calculs et d'opportunistes, aux ego aussi surdimensionnés que la place qu'ils souhaitent occuper.
Pourtant, la réalité est bien différente. Les femmes et hommes politiques qui sont actuellement en course dans la campagne des municipales sont souvent des gens passionnés, amoureux de leurs territoires, qui ne comptent ni leurs heures ni les kilomètres parcourus. En cela, les mots prononcés par Nathalie lors du meeting de ce lundi 10 février au gymnase Japy résument ce qu'est pour moi l'essence même de la politique : “La politique a une ambition immense. Améliorer, ne serait-ce qu'un peu, d'autres vies que la sienne”.
Et améliorer, ne serait-ce qu'un peu, la vie dans le 10e arrondissement, c'est bien pour cela que je me suis engagée dans la bataille. Vaste objectif certes, dans un arrondissement où la droite fait 25% aux dernières élections municipales, un arrondissement où les sympathisants me disent parfois : “Pourquoi s'engager? Nous ne gagnerons pas!”. Si cette résignation a parfois été le fléau de notre arrondissement, ces propos se font de plus en plus rares ces derniers mois, signe d'une vraie volonté de changement, au-delà des chiffres. Et si je ne suis pas naïve, et connais les résultats par coeur, je ne pars pas dans un combat sans savoir comment lever l'armée. Ils sont légion ceux qui, hier, avant-hier, ont créé la surprise dans des bastions que l'on disait “imprenables”. La surprise, je sais que nous pouvons aussi la créer dans cet arrondissement. Et parce que je souhaite faire taire toute de suite les mauvaises langues : ce n'est pas parce que je suis une femme, qui plus est jeune (j'ai 33 ans), que j'ai été investie dans le 10e : j'habitais en effet le 10e avant même de m'y engager il y a 4 ans...
Placée sur scène avec les autres têtes de liste, j'écoute (presque) sans m'égarer le discours de Nathalie. Je dis presque, car je ne peux m'empêcher de regarder le visage de tous ces inconnus qui sont dans la salle. Tous ceux qui veulent changer de cap à Paris, engagés, simples curieux, mais qui, quelle que soit la raison de leur présence ce soir, veulent que cela bouge. Je regarde aussi mon équipe, installée devant, cette équipe qui est ma source d'énergie quotidienne.
Les mots de l'intervention de Nathalie sont pesés. Percutants. Remplis eux aussi d'énergie. Je n'oublierai jamais la première fois où je l'ai “vraiment” rencontrée, lors de l'annonce de sa candidature à Paris, qu'elle avait choisi de faire dans le 10e. Avant cette annonce, je l'avais croisée de nombreuses fois, mais jamais vraiment “vue”. Et ce jour là elle m'a impressionnée, par sa présence, sa stature, sa vision. Comme elle impressionne ce soir une salle gonflée à bloc par un discours qui va droit au but. Sur scène, j'échange également quelques mots avec mes voisins, Jean-Jacques Giannesini ou Marie-Laure Harel. Pour nous ce meeting est finalement (aussi) un moment de détente et de rencontre, car mis à part les rendez-vous habituels au QG de Nathalie rassemblant les têtes de liste, nous avons finalement peu l'occasion de nous rencontrer, chacun étant replié sur son arrondissement.
Une campagne, c'est un moment à la fois extrêmement collectif et très solitaire. Solitaire car il y a peu de place et de temps pour autre chose que la campagne, surtout lorsque l'on n'est pas un candidat sortant. Les journées commencent tôt et se finissent tard, souvent très tard. Parce qu'il y a la partie “visible” : les tractages matinaux aux entrées de métro, les porte à porte en soirée, les débats; mais il y a aussi tout le reste : la constitution de la liste, l'élaboration des documents de campagne, les rendez-vous avec les associations, les articles à écrire pour le blog, les (nombreux) réseaux sociaux à alimenter.
Le temps où une campagne électorale se faisait avec une simple machine à écrire semble en effet si loin, la maxime à retenir semblant aujourd'hui plutôt être : “Si toi candidat, tu ne gagnes pas quotidiennement des followers sur twitter, tu as raté quelque chose dans ta campagne...” .
Mais une campagne est aussi un exercice très collectif, autour d'une candidate parisienne, avec une équipe centrale et une équipe au niveau de chaque arrondissement. Dans le 10e, c'est une cinquantaine de personnes qui me donnent de leur temps, de leur énergie, et me font bénéficier de leur expertise. Une équipe, et bientôt une liste -elle devrait sortir cette semaine-, la constitution d'une liste étant toujours un exercice d'équilibrisme à haut risque !
Après le meeting de ce soir, petite parenthèse de relâche dans une semaine déjà bien remplie: pas de porte à porte (il est trop tard), ni de réunion d'appartement. Je passe la fin de soirée avec mon équipe, pour savourer ce moment. Un moment qui a aussi été marqué par une visite inattendue et beaucoup commentée, celle de Nicolas Sarkozy.
Le gymnase Japy se vide peu à peu, passant en quelques instants de l'euphorie à un presque silence. C'est tout le paradoxe d'une campagne électorale, mais aussi ce qui fait son côté grisant : passer en quelques instants du tout au rien.