Les candidats UMP à Paris sont-ils en train de lâcher NKM ?

La validation des documents électoraux a été une longue négociation entre NKM et ses co-listiers. Cela veut-il dire que certains la soutiennent du bout des lèvres à un mois du scrutin ?

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Le nom de NKM est-il vendeur pour les candidats UMP dans les arrondissements de Paris ?

Affiches, logos et bulletins de vote

"Et toi tu fais quoi pour tes affiches ?". Toute la semaine dernière, inévitablement, la conversation entre les têtes de liste UMP dans la capitale évoque ce sujet quand ils se parlent au téléphone. 

Le comité stratégique de campagne du  lundi 17 février a répondu à leurs interrogations.  Premier dossier abordé, une urgence. Quel doit être le nom de la liste que vont déposer les candidats UMP à la préfecture ? NKM propose "une nouvelle énergie pour Paris avec Nathalie Kosciusko-Morizet", qui reprend le slogan de sa lettre aux Parisiens. Certains tiquent avec un argument recevable. "Pour les sortants, ça fait un peu bizarre nouvelle énergie", remarquent des barons parisiens. NKM en convient. Un compromis est trouvé pour un plus sobre "liste d'union UMP-UDI-MoDem avec Nathalie Kosciusko-Morizet". C'est le nom qui sera donc inscrit sur les bulletins de vote.

Autre sujet de la réunion, les affiches électorales. "Est-on obligé d'avoir la photo de NKM sur son affiche d'arrondissement", se demandent les têtes de listes.  La candidate UMP à la mairie de Paris laisse le choix entre son affiche de campagne choisie par les internautes et une affiche locale. Selon certains témoins, les visages ne manifestent pas un enthousiasme débordant.  "Nathalie a vite compris que personne ne voulait de son affiche", commente un participant à la réunion. Elle ne s'obstine pas, laisse à chacun sa liberté. Elle exige juste un bandeau avec  cette mention : "liste d'union UMP-UDI-MoDem avec Nathalie Kosciusko-Morizet". "Comme cela, tout le monde sera à égalité. Il faut faire attention à ce que ce soit homogène.Il  faut qu'il y ait quand même une unité visuelle dans tout Paris", plaide-t-elle.  "Va pour le bandeau, on le mettra tout en haut ou tout en bas, en tout petit", commente ironique un membre de l'entourage d'un élu de l'ouest parisien. 

Dernier dossier: les professions de foi de candidature qui seront distribuées par la poste. NKM exige qu'un 1/3 du texte ou au moins une colonne soit réservée à sa profession de foi globale pour Paris à coté des textes de chaque candidat pour son arrondissement. Des discussions qui illustrent la subtilité du scrutin parisien: vingt batailles électorales dans chaque arrondissement qui doivent se coordonner un minimum. Un échange tendu pour certains, normal et plutôt apaisé pour une majorité des participants interrogés. "Les Parisiens s'en foutent de ces agitations de microcosme. On a ce résultat là, il est accepté et acceptable par tous. Je m'en réjouis" commente un candidat UMP. 

Le syndrome Panafieu 2008

Mais ces discussions, alors qu'à gauche les choses semblent beaucoup plus simples, sont-elles révélatrices d'une phénomène de répulsion ?  Le nom de Nathalie Kosciusko-Morizet est-il toujours vendeur à un mois du premier tour de l'élection municipale alors que les sondages ne sont guère encourageants. Les têtes de liste UMP à Paris sont -elles en train de lâcher NKM ?

"Lâcher ce n'est pas le mot. Mais chacun est concentré sur son propre combat", commente une candidate. "Chacun fait campagne dans son coin, retranché dans son arrondissement", estime, plus critique, une conseillère de Paris.  "C'est le remake de Panafieu 2008", ajoute un autre élu. Il y a six ans, les fameux barons de l'ouest parisien ne mentionnaient absolument pas Françoise de Panafieu, candidate UMP à la mairie de Paris, sur leurs affiches ou sur leurs documents électoraux. Cachez ce nom que je ne saurais voir. C'est la dure loi du scrutin parisien par arrondissement. Quand une défaite s'annonce, il n' y a plus de solidarité, chacun cherche à sauver ses meubles chez lui. 

Et comme en 2008, les regards se tournent vers le 15 ème arrondissement. Depuis un mois, Philippe Goujon, patron de la fédération UMP et Jean-François Lamour ne participaient plus aux réunions. Ils étaient néanmoins là lundi. "Ce n'est pas un boycott. Mais, on était pris par la campagne dans notre arrondissement, comme d'autres maires", explique Jean-François Lamour qui concède un petit moment de tension au moment de l'éviction d'Hervé Benessiano  des listes du 17 ème. "Ils en ont  eu marre de participer à des réunions alibi", corrige un observateur. "Les barons ont tout fait pour aider NKM pendant la primaire mais elle ne les écoute plus. Elle est dans sa bulle et fait tout avec ses petits marquis, Jérome Peyrat et Jean-Baptiste de Froment entre autres. Elle n'en a plus rien à faire des grands élus. Ce sont ses nerfs qui la lâchent, pas les barons", ajoute-t-il corrosif. 


"Nathalie devient très agressive", juge une élue parisienne. "Elle est à cran et très fatiguée", ajoute un autre. Et beaucoup d'élus de citer des projets ou des propositions qu'ils apprennent dans la presse sans en avoir été avertis. A la réunion de lundi, quelques élus ont émis des critiques sur sa proposition de détruire la Tour Montparnasse. NKM les a écouté puisque, sur cette question, elle a rectifié le tir expliquant "qu'il fallait s'en occuper mais pas la détruire".  Un sentiment de défiance s'installerait avec l'équipe du QG de campagne. Une candidate dans un arrondissement évoque un mail de rappel un peu ferme de la direction de campagne qui souhaiterait avoir des listes de rues où boiter la lettre de NKM aux Parisiens. "Ils n'avaient reçu que trois réponses", commente-t-elle ajoutant "que c'est pénible de veiller à ce que les documents électoraux d'arrondissement ne soient pas distribués le même jour que ceux de NKM et qu'elle aimerait être prévenue à l'avance". 

"Dire que c'est la même situation qu'en 2008 est un mensonge. Il y a plus d'unité en matière d'information. On reçoit plusieurs mails de coordination chaque jour. On est plus réactif. J'invite tout le monde à être dans le combat plutôt que de s'interroger sur le sexe des anges", commente une tête de liste parisienne. "L'affaiblissement de NKM par son propre camp, nous affaiblit tous collectivement. C'est toujours la même histoire", regrette un autre chef de file.

On pense déjà à l'après 30 mars

Dans les tensions actuelles, c'est l'après-municipales qui se joue déjà. Encore une fois, la défaite de Nathalie Kosciusko-Morizet était envisagée dès le départ. A condition que l'écart soit faible et que son image n'en ressorte pas âbimée. Mais si elle perd, va-t-elle prendre la tête du groupe UMP au Conseil de Paris pour conduire l'opposition à Anne Hidalgo ? "Moi je la soutiens jusqu'au 30 mars", prévient un élu parisien, sous-entendant qu'après l'élection, c'est une autre histoire. "Les barons ne veulent plus d'elle. Ils ne la laisseront pas s'installer comme une fleur", ajoute une autre cadre de l'UMP Paris. Or, la majorité des futurs conseillers de Paris UMP sera issue des arrondissements de l'ouest parisien.

Peut-elle compter sur les élus de l'est qui lui seraient plus favorables ? "Le problème c'est qu à l'est, on a mis beaucoup de centristes aux places éligibles.  Ils vivront leur vie dans leur groupe après l'élection", estime un élu parisien. L'accord avec les centristes sera un des premiers angles d'attaque en cas de défaite. "Si on perd, on peut se retrouver avec moins d'élus UMP que dans la précédente mandature à cause de la place faite aux centristes", prévient déjà une élue de l'Ouest. "Si NKM perd mais que l'UMP gagne un ou deux arrondissements, vous verrez que l'histoire sera différente", promet un partisan de la députée de l'Essonne.

Qui sera responsable d'une défaite éventuelle ? C'est à cette aune qu'il faut juger les postures actuelles. "Les barons jouent un jeu subtil. Ils ne lâchent pas NKM aujourd'hui, parce qu'ils ne veulent pas la victimiser. Ils se contentent en coulisses de jouer les augures qui n'ont pas été écoutés", analyse un conseiller de Paris. 

Sur qui NKM pourra compter après le 30 mars ? Elle aura un premier élément d'enseignement en se promenant dans les rues de Paris en regardant les panneaux électoraux. Qui aura respecté et qui aura transgressé les règles édictées au comité stratégique de lundi dernier ? Dans le 15 ème, l'affiche sera une photo de Philippe Goujon, le maire sortant avec en bandeau la mention suivante: "liste d'union UMP-UDI-MoDem avec Nathalie Kosciusko-Morizet ....et avec Philippe Goujon, votre maire pour le 15 ème". 

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