Le second tour en Ile-de-France a confirmé les résultats du premier tour, tout en y apportant de sérieuses nuances.
C'est une constante: les Français ne se déjugent pas entre le premier et le second tour de scrutin d'une élection. Les modifications de vote qui surviennent entre les deux tours servent en principe aux électeurs à affiner, à préciser leurs intentions.
En ïle-de-France, c'est exactement ce qui s'est passé lors de ce second tour d'élections municipales. Avec un taux de participation globalement en hausse par rapport à 2008 (contrairement au reste du territoire français), les électeurs franciliens ont nuancé et précisé les contours de leur vote. Et il est intéressant de prendre le temps de s'arrêter sur ces nuances.
- A Paris, d'abord. Bien sûr, comme le disaient les sondages depuis déjà de nombreux mois, la gauche et Anne Hidalgo l'emportent. C'est une belle victoire, puisqu'elle intervient dans un "contexte dramatique pour la gauche", comme le dit son directeur de campagne Jean-Louis Missika. Cette victoire fait d'ailleurs de Paris un cas unique dans ce scrutin.
Mais les électeurs parisiens n'ont pas totalement écarté Nathalie Kosciusko-Morizet à laquelle il a accordé au premier tour une majorité en voix et au second tour un nombre de conseillers en augmentation. Et NKM peut, à l'issue de ce second tour se réjouir d'une défaite honorable, faire observer que la droite est désormais de retour dans 10 arrondissements, et parler à propos de la gauche, d'une " majorité toute relative".
- Pour le PS. Le vrai perdant de ces élections, c'est le parti socialiste. Et on peut lire ce verdict dans les résultats du second tour. Partout ou presque, à quelques exceptions près comme à Clichy ou à Créteil, il est battu. Il est parfois parvenu à limiter la casse, lorsqu'il était allié avec notamment EELV ou le PC, comme à Paris.
- Pour les écologistes d'EELV, c'est une validation de leur stratégie politique qui a consisté à présenter des listes partout où ils le pouvaient pour peser de tout leur poids face à un allié socialiste souvent écrasant, qui a souvent été content de pouvoir faire ensuite liste commune pour limiter les dégats.
- Pour le Parti Communiste, il y a quelques raisons de se réjouir. D'abord il n'enregistre pas de grosse perte. Mieux, il résiste très bien dans ses bastions où il était attaqué par le PS qui prétendait lui ravir ses dernières places fortes, comme à Ivry. Il fait même parfois mieux, comme à Aubervilliers, où avec le Front de Gauche, il reprend au PS l'un de ses anciens bastions. Et à Paris, alliés d'Anne Hidalgo, ils progressent en nombre de conseillers.
- Discret pour ne pas dire absent de ce scrutin, le Parti de Gauche, que le PC a même parfois préféré ignorer,
- Le Front National fait, en Ile-de-France, des résultats en demie-teinte. Bien parti au premier tour, il devra néanmoins se contenter de Mantes-la-Ville, qu'il remporte de peu, à la faveur de la division de la gauche. Mais il ne parvient pas à s'emparer de Villeneuve-Saint-Georges, malgré l'alliance avec le candidat divers droite.
>> Voir le reportage de William Van Qui