Trois mois de prison avec sursis et 1.000 euros d'amende ont été requis lundi à l'encontre de quatre jeunes d'une vingtaine d'années poursuivis pour le bizutage d'un camarade qui avait eu des lettres de sang gravées sur le dos à l'université Paris-Dauphine.
La procureur a estimé que la responsabilité des quatre prévenus, poursuivis pour violences aggravées et bizutage, était "la même". Et ce n'est pas parce qu'eux-mêmes ont vécu cet "entretien" d'intégration à la Japad (Jeune association pour la promotion des activités à Dauphine) que "ce n'est pas un acte humiliant et dégradant".
Devant le tribunal correctionnel de Paris, les trois prévenus présents au procès ont expliqué le poids des traditions et leur manque de recul.
Le 25 octobre 2011 dans les locaux de l'association au sein de l'université, un étudiant de 18 ans s'était présenté pour passer son "entretien". Il lui avait été demandé d'ôter sa chemise, de baisser son pantalon et de se mettre à genoux, attaché avec un manche à balai les mains derrière les épaules. Une corde lui avait même été brièvement passée autour du cou.
Là où la victime évoque des coups de poing dans les côtes, les prévenus affirment que leur camarade a été "bousculé".
"On n'a fait que répéter des choses qu'on avait vécues, c'était ritualisé", a expliqué à la barre l'un des prévenus, qui a reconnu être à l'origine des lettres de sang gravées sur le dos de la victime avec une capsule de bière. Les traces ont disparu après quelques semaines.
Revenant sur ce geste, qu'il a répété regretter à maintes reprises en présentant ses excuses à la victime, il a assuré que cette dernière n'avait pas réagi, ni protesté, "tout se passait dans la bonne humeur".
Le jeune homme qui aspirait intégrer l'association est "arrivé souriant" et était "reparti de la même manière", a assuré le prévenu.
Une version contestée par l'intéressé, qui avait dû boire des bières cul-sec pendant l'entretien, au point d'être malade.
Il avait fait part de son sentiment d'être traité "comme un paillasson", un "jouet dans les mains de la Japad", et raconté qu'il rêvait d'intégrer ce qu'il pensait être sa "future famille".
"Je n'avais aucune idée que ça allait dégénérer comme ça", a-t-il expliqué face au tribunal, "j'ai été pris de court, je me suis laissé emporter".
Interrogé sur le déroulement des entretiens, à genoux, torse nu, un autre des prévenus a répondu "ça a toujours été comme ça". "On est rentrés comme ça dans l'association, l'association était comme ça".
"On n'a jamais eu le recul suffisant pour remettre en cause ces pratiques", a renchéri un autre prévenu.
A l'issue des débats, qui se poursuivaient en fin de journée, le tribunal devrait rendre son jugement dans la soirée ou le mettre en délibéré à une date ultérieure.