Malgré l'interdiction, plusieurs milliers de personnes participaient samedi à Paris à un rassemblement propalestinien. Une quarantaine de personnes ont été interpellés et des jets de projectiles et tirs de lacrymogènes ont été signalés.
La justice a confirmé à la mi-journée l'interdiction de la manifestation décidée par la préfecture de police, qui invoquait des risques de troubles à l'ordre public. Peu après, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve appelait solennellement les organisateurs à renoncer à leur initiative, avertissant qu'ils seraient tenus pour "responsables d'éventuels débordements (...) et passibles de sanctions pénales".
Mais vers 16H00, selon des estimations provisoires, quelque 5.000 personnes se pressaient place de la République, où elles restaient statiques, sans chercher à défiler.
La place était bouclée par un important dispositif des forces de l'ordre. Au total, environ 2.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés dans la capitale.
Vers 17H00, une quarantaine de personnes ont été interpellées, et une vingtaine d'entre elles placées garde à vue.
Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène face à un groupe qui leur lançait des projectiles sur la place de la République. De jeunes, certains cagoulés ou le visage masqué par des foulards, jetaient également divers projectiles, des pierres notamment, sur des vitrines de magasins.
Un rassemblement interdit
La foule agitait des drapeaux palestiniens et bannières rouges du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), qui avait appelé à braver l'interdiction. "Israël hors de Palestine, il est fini le temps des colonies", "Israël assassin, Hollande complice", "Israël, casse-toi, la Palestine n'est pas à toi", "Nous sommes tous des Palestiniens," scandaient les manifestants. De jeunes hommes hissés sur une colonne ont activé des fumigènes aux couleurs de la Palestine et brûlé un drapeau israélien, sous des applaudissements.
Selon des sources policières, les forces de l'ordre ont reçu des "consignes de fermeté" pour intervenir "très rapidement et interpeller" en cas notamment de "slogans ou manifestations antisémites". "Cette manifestation est illégale, mais pour nous elle est plus que légitime. Il s'agit de manifester notre solidarité avec un peuple qui est en train de se faire massacrer," explique Hugo, jeune militant du NPA dont la figure emblématique, Olivier Besancenot, était lui aussi présent sur la place.
"Nous voulons défendre notre point de vue, or on ne peut agir pour la Palestine qu'en parlant et en manifestant", assure Sarah 19 ans, autocollant "la Palestine aux Palestiniens" sur le tee-shirt. "Pour nous, tout débordement aujourd'hui sera la faute à l'interdiction par la préfecture de police d'une manifestation qu'on était parfaitement à même d'organiser sereinement", déclarait en fin de matinée Alain Pojolat, membre du NPA.
Pendant ce temps, à Lyon, près de 10.000 personnes manifestaient dans le calme en soutien aux Palestiniens de Gaza, chiffre des organisateurs confirmé par la police. A Marseille, le cortège comptait 1 400 personnes selon la police, 6 000 à 8 000 selon les organisateurs. A Nice, ils étaient près de 1 200. A Clermont-Ferrand, ils étaient quelque 400 manifestants à s'être rassemblés sur le même thème et environ 600 à Saint-Etienne. Outre-Manche, ils n'étaient pas moins de 10 000 à manifester dans les rues de Londres pour demander "la fin du massacre à Gaza".