Au troisième jour de sa garde à vue, lundi, le policier des Stups' soupçonné d'avoir volé 52 kg de cocaïne au siège de la police judiciaire parisienne, nie en bloc et la précieuse poudre blanche demeure introuvable.
Ce policier "bien noté" de 34 ans, père de famille, en poste depuis quelques années à la brigade des stupéfiants, "continue de nier farouchement les faits qui lui sont reprochés", sans plus se livrer aux enquêteurs de la "police des polices".
Les perquisitions à Paris et Perpignan ont permis de mettre la main sur près de 20.000 euros en espèces, dont une "grande partie se trouvait dans un sac à dos porté par le suspect au moment de son interpellation samedi sur son lieu de vacances à Perpignan", selon une source proche du dossier. Peu enclin aux confidences, le suspect a toutefois affirmé aux policiers de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avoir gagné cet argent en jouant à des jeux en ligne.
Plusieurs téléphones portables et des ordinateurs ont été saisis et confiés à des enquêteurs spécialisés dans les investigations financières et techniques, afin de vérifier notamment ces déclarations et de savoir avec qui il était en lien depuis son départ de Paris.
La garde à vue du suspect, dans les locaux de la "police des polices" du XIIe arrondissement de Paris, a été prolongée lundi au-delà de 48 heures. Cette prolongation a été décidée "en raison du métier exercé par le suspect et de son affectation qui lui permet d'avoir une très bonne connaissance des trafics de drogue", a expliqué une source proche du dossier.
"A ce stade, l'IGPN cherche toujours à déterminer s'il y a eu d'éventuelles complicités internes ou externes", a expliqué une source proche du dossier.
"La sécurité du '36' pas optimale"
Mais surtout, il s'agit de retrouver rapidement ces 52,6 kg de cocaïne estimés à plus de deux millions à la revente. Lundi après-midi, la drogue semblait s'être "volatilisée dans la nature". Selon des sources policières, la drogue ne "serait pas sur le marché".
La cocaïne était entreposée au 36 Quai des Orfèvres, dans une salle des scellés où s'est rendu le brigadier "sous des prétextes futiles" avant le vol perpétré dans la nuit du 24 au 25 juillet. Cette nuit-là, il avait été vu ressortir du "36" par une femme policier planton, avec des sacs pleins à ras bord. Un mode opératoire qui intrigue les policiers, tant le brigadier était bien placé pour savoir qu'il serait facile de retrouver la trace de celui qui s'emparerait
de drogues placées sous scellés.
Selon plusieurs sources policières, "il ne fait pas de doute que la sécurité du '36' n'est pas optimale". Un audit de sécurité avait toutefois été réalisé à la demande du préfet de police, à la suite de la mise en examen au printemps de deux policiers soupçonnés d'avoir violé une Canadienne dans les locaux du "36".
"Les préconisations de l'audit sont en train d'être mises en oeuvre pour permettre de répondre au plus vite au problèmes de sécurité dans l'accès aux locaux", a affirmé une source policière. "Sept caméras de surveillance devaient d'ailleurs être installées à l'automne au '36', dont une à l'entrée de la salle des scellés où est entreposée notamment la drogue", a ajouté cette source.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé lundi avoir demandé à l'IGPN un audit "rigoureux et approfondi" de la brigade des Stups'. "Au-delà des accès, je souhaite que les méthodes, les pratiques professionnelles soient passées au crible, a expliqué au Parisien Bernard Cazeneuve pour qui "de tels actes ne doivent plus être possibles."