Des responsables uruguayens sont invités à Paris pour partager leur expérience sur la légalisation du cannabis, en vigueur dans leur pays depuis décembre. Mardi, avant la tenue de leur réunion publique, ils ont réfuté vouloir en banaliser la consommation.
A l’initiative de l’association Aurore et en association avec la Fédération Addiction, une délégation uruguayenne est à Paris du 1er au 3 septembre 2014 pour y rencontrer les pouvoirs publics français et échanger avec les acteurs de terrain et leurs partenaires sur les politiques en matière de drogues.
Depuis décembre dernier, l'Uruguay a légalisé cette "drogue douce" sur son territoire. Pendant ces trois jours à Paris, l'idée des responsables uruguayens est d'expliquer la démarche entreprise dans leur pays. Composée de représentants des politiques publiques qui ont œuvré à l’élaboration et au vote de la loi pour la légalisation du cannabis, les membres de cette délégation rencontraient certains de leurs homologues français. Ensemble, ils participeront à une réunion publique mardi, de 17h à 20h à la mairie du 11e arrondissement de Paris.
Promotion d'un modèle qui "ne banalise pas l'usage du cannabis"
L'Uruguay, 3,3 millions d'habitants, est actuellement l'unique pays au monde à autoriser la culture, la distribution et la vente de marijuana sous autorité de l'Etat. Les premières ventes sont attendues début 2015. "Nous ne banalisons pas l'usage du cannabis, comme nous ne banalisons pas l'alcool et le tabac", a assuré Julio Calzada, du secrétariat national aux drogues, l'organisme uruguayen chargé de ces questions. Selon lui, la loi de son pays doit permettre "une meilleure prévention et une meilleure information" auprès des consommateurs.
"Eduquer, ce n'est pas promouvoir la consommation de drogue", a-t-il insisté. Il fait partie d'une délégation de responsables politiques et de professionnels uruguayens invitée par l'association française Aurore, qui souhaite promouvoir le débat sur la consommation de cannabis, tout en adoptant, précise-t-elle, "une position neutre".
Le sénateur à l'initiative de la loi, Luis Gallo, a fait valoir que "la légalisation ne signifie pas libération à outrance". En effet, le texte prévoit que l'Etat supervise toute la chaîne de production, de l'importation des semences à l'enregistrement des consommateurs, en passant par la culture et la vente en pharmacie. Selon lui, cela "protège les habitants des risques liés aux trafics".
"La pensée est paralysée en France. Le cannabis est devenu un objet politique très compliqué à aborder", a regretté François Hervé, de l'association Aurore. "En parler, c'est être sûr de mécontenter 50% de la population, sans être certain de satisfaire les 50% restants."
Mi-août, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait réaffirmé l'hostilité du gouvernement à la dépénalisation du cannabis, tout en assurant être "favorable au plus large débat". Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 1,2 million de personnes fument régulièrement du cannabis (plus de 10 fois par mois) en France. Le chiffre d'affaires du trafic est estimé entre 700 millions et un milliard d'euros.