A l'approche du week-end, la grève se poursuit à Air France et les négociations patinent. Plus de la moitié des avions devraient rester cloués au sol ce vendredi. Les journées de samedi et dimanche s'annoncent également compliquées pour les passagers. Découvrez les prévisions du trafic aérien.
Air France a annoncé une légère amélioration du trafic pour la journée de vendredi, avec "plus de 45%" de vols assurés, contre... 42% jeudi. Selon la direction, au cinquième jour de mobilisation, le taux de grévistes devrait passer pour la première fois en dessous de 60%. Des chiffres contestés par le premier syndicat de pilotes, le SNPL AF Alpa (majoritaire), qui affirme recenser 80% de grévistes et 85% de vols annulés après décompte des vols opérés pour le compte des filiales ou d'autres compagnies.Concernant la journée de samedi, la direction d'Air France a annoncé que 45% des vols de la compagnie seraient assurés, soit une situation identique à celle de vendredi. Le taux de grévistes est lui toujours estimé à 60% pour la sixième journée de conflit. "Pour la journée du samedi 20 septembre 2014, Air France prévoit d'assurer 45% de son programme de vols, compte tenu d'un taux de pilotes grévistes estimé à 60% pour cette journée", indique le groupe dans un communiqué.
La compagnie conseille à nouveau à ses clients ayant réservé un vol d'ici au 22 septembre de reporter leur voyage ou changer leur billet sans frais. Les préavis reconductibles du SNPL AF Alpa (majoritaire) et du Spaf (deuxième syndicat) courent jusqu'à cette date.
Ni les propositions de la direction, ni les appels à cesser la grève, notamment du Premier ministre Manuel Valls, n'ont entamé la détermination des pilotes qui mènent la grève la plus longue depuis 1998. Le conflit se cristallise autour de la low cost du groupe, Transavia. Pour faire face à la concurrence, le groupe AF-KLM veut développer la flotte de cette compagnie en France en attirant des volontaires d'Air France. Il veut aussi ouvrir de nouvelles bases Transavia en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux. Mais les syndicats redoutent un "dumping social" au sein du groupe et des "délocalisations" au détriment des emplois français.
Après avoir proposé mardi de limiter temporairement l'extension de Transavia à 30 avions en France jusqu'en 2019, Air France a mis sur la table mercredi soir une deuxième offre: conclure avec les syndicats un accord délimitant précisément les activités de Transavia. Une proposition "largement insuffisante", a rétorqué Jean-Louis Barber, le président du SNPL. Le deuxième syndicat de pilote, le Spaf juge aussi que cette offre n'est "pas acceptable". "J'en viens à me demander s'il y a vraiment (chez les syndicats) une volonté de
négocier", a observé jeudi le PDG d'Air France KLM, Alexandre de Juniac en rappelant que la grève coûte chaque jour "10 à 15 millions d'euros" à la compagnie, au moment
où celle-ci "sort à peine la tête de l'eau".
Vers une prolongation de la grève ?
Le PDG a encore repoussé jeudi la demande des syndicats d'un contrat de pilote unique pour les gros avions de toutes les compagnies du groupe. Et depuis, en dépit d'une nouvelle réunion jeudi après-midi entre direction et syndicats, la situation s'enlise. En outre, le Spaf accuse la compagnie de "détourner" la loi Diard encadrant le droit de grève dans le transport aérien et l'assigne au tribunal. Une démarche "particulièrement abusive", a répliqué l'avocat de la compagnie. Une audience en référé était prévue vendredi matin à Bobigny.
La grève pourrait se prolonger jusqu'à la semaine prochaine. Les pilotes du SNPL doivent se réunir vendredi en début d'après-midi à l'hôtel Hilton de Roissy. Mais c'est samedi, que le syndicat annoncera si ses adhérents décident de reconduire au-delà de lundi le mouvement après un référendum, auquel ont déjà participé 70% des pilotes, selon M. Barber. Par précaution, le syndicat a déposé un nouveau préavis de grève de quatre jours, jusqu'au 26 septembre, en attendant le résultat de cette consultation. Le Spaf a lui étendu son préavis de deux jours, jusqu'au 22.
Un conflit si long impliquant les pilotes est rare pour la compagnie. Les précédentes grèves (2002, 2008 et 2012) ont toutes trouvé une issue au bout de quatre jours, sauf celle de 1998 qui avait duré dix jours. Dans les aéroports, le taux d'annulation dépassait parfois les 50%, comme à Toulouse vendredi (70%), l'aéroport étant spécialement touché depuis le début de la grève, mais il était parfois aussi inférieur, comme à Rennes (25% d'annulations vendredi).
La situation est restée calme jusqu'à présent, car aucun vol n'est annulé à chaud et les passagers ont été la plupart du temps prévenus en amont.