Mise en examen en 2007 et placée plusieurs mois en détention provisoire, Fatima Anechad, 64 ans, a toujours clamé son innocence dans cette affaire sans cadavre. La compagne du bijoutier parisien disparu depuis 2002 est désormais renvoyée aux assises pour assassinat après douze ans d'enquête
Parti au Maroc le 30 avril 2002 avec sa compagne, Roger Bendeçon, alors âgé de 52 ans, n'a plus donné signe de vie. A des proches, ce joailler, qui connaissait des difficultés financières, avait confié être sur une affaire de lingots d'or.
D'après son récit, Fatima Anechad était rentrée seule en France après avoir laissé son compagnon le 2 mai à la frontière avec l'enclave espagnole de Ceuta. Puis elle l'aurait revu à Paris et à Marseille en mai 2002, sans qu'il ne reprenne contact avec ses deux enfants, nés d'une précédente union. D'après elle, il se sentait traqué, avait changé d'apparence physique et voyageait avec un faux passeport.
Cette version n'a jamais convaincu les proches du bijoutier, d'autant que Fatima Anechad a procédé à des ventes de bijoux, meubles ou effets personnels de son compagnon, pour plus de 300.000 euros après sa disparition, d'où son renvoi également ordonné pour vol par le juge d'instruction Patrick Gachon la semaine dernière. La suspecte a assuré qu'elle avait dû rembourser des dettes de son compagnon et que le couple était victime de racket. Elle a désigné la bande du parrain marseillais Francis Le Belge, assassiné en 2000, une thèse "invraisemblable" pour l'avocat des proches du disparu, Me Jean-Alex Buchinger.
L'enquête, qui a mené la Brigade criminelle sur de nombreuses pistes, en France, au Maroc et en Espagne, avait soulevé une coïncidence troublante: la disparition au début des années 80 en Guadeloupe d'un précédent conjoint de Fatima Anechad, avec lequel elle était mariée et avait deux enfants. Aucune enquête n'avait eu lieu.
En 2007, les investigations avaient rebondi quand un témoin avait confié aux enquêteurs que cinq ans plus tôt, il avait fabriqué un faux message de Roger Bendeçon sur le répondeur téléphonique de Fatima Anechad. Message qui lui permettait de rassurer la fille du disparu.
En mars 2014, l'avocat de la suspecte, Me Pascal Garbarini, faisait valoir que le corps de M. Bendeçon n'avait jamais été retrouvé, malgré des fouilles dans la maison où elle avait séjourné au Maroc. Il estimait que le bijoutier avait pu vouloir disparaître en raison de sa situation financière difficile et pour fuir de mauvaises fréquentations.
