70 salariés et clients du cercle de jeu de l'Aviation club de France ont dénoncé jeudi la fermeture de l'établissement, rassemblés en campement sur le trottoir devant le club des Champs-Elysées.
C'est une scène rare, totalement inhabituelle, à la fois à cause du lieu, mais aussi du motif. Les "sit-in" sur les Champs Elysées ne sont pas fréquents, et, en principe, très vite dégagés par les forces de l'ordre. Et les salariés ou les clients de cercles de jeux sont en principe d'une discrétion absolue, qui plus est plutôt habitués à l'ombre de la nuit!
Mais l'inquiétude qui plane désormais sur ce cercle, fermé depuis le 19 septembre dernier a mis tout le monde dans la rue ou plutôt sur le trottoir donc, des Champs-Elysées, devant l'établissement. Le cercle de jeu a été fermé après la mise en examen, le 19 septembre 2014, de quatre responsables du club, dont son dirigeant Marcel Francisci, vice président (UMP) du conseil général de Corse-du-Sud, dans une affaire de "travail dissimulé" et "abus de confiance".
Assis en tailleur devant la porte close du club les manifestants ont brandi des cartes de jeux et scandé en choeur "rien ne va plus!", sur cette avenue touristique.
«Nous, les 213 salariés de l'ACF, refusons d'être les victimes de cette affaire. Nous sommes tous sans travail depuis la fermeture et avons décidé d'être là pour manifester notre désarroi face à cette situation qui nous dépasse », affirme Angélique Joolia, chargée de communication du club. Corde de chanvre autour du cou, elle explique alors « qu'aucune charge n'a été retenue contre l'établissement, les autorités administratives empêchent la reprise du travail en retardant la délivrance de l'agrément de jeux ».
« Je suis croupier poker. Nous avons un minimum garanti équivalent au Smic, mais nous sommes aussi payés au pourboire et cela va du simple au double. Nous perdons tous énormément d'argent », déplore un salarié qui préfère être anonyme.
Lieux emblématiques de la légende de la nuit parisienne depuis plus de soixante ans, les cercles de jeux ont récemment vécu des moments difficiles, marqués par des scandales à répétition ou des fermetures administratives. Depuis 2008, sept des dix cercles de Paris ont été fermés. Les procès se sont succédé, de Concorde à Wagram avec souvent en arrière-plan la Corse et le grand banditisme.