Avis de polémique autour de l’artiste sud-africain Brett Bailey. En cause, son installation théâtrale Exhibit B qui met en scène dans des tableaux vivants, des "indigènes" tels que les exposaient à l'époque en Occident les foires et les expositions coloniales.
Brett Bailey dénonce le racisme et reconstitue pour cela dans son installation Exhibit B des zoos humains du 19ème siècle avec des acteurs vivants. Il entend, explique-t-il dans un texte de présentation, revisiter «les chambres sombres de notre imaginaire collectif hantées par de fausses représentations silencieuses et des configurations tordues de l’altérité».
Déprogrammée en Angleterre, cette pièce doit s'installer prochainement au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et au 104 dans le 19ème arrondissement. Des associations s'opposent à ce procédé et veulent l'interdire. Un "collectif contre Exhibit B3 a lancée une pétition qui a recueillie 2000 signatures.
Des associations antiracistes prennent la défense de l'exposition polémique "ExhibitB"
"La controverse a pris une forme inadmissible", affirment la Ligue des droits de l'Homme (LDH), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) dans un communiqué commun. "Dans la France d'aujourd'hui, dont les préjugés racistes n'auront pas disparu, loin s'en faut, nous, organisations antiracistes, affirmons que l'art doit être libre de contribuer à la lutte contre ce fléau, et que nul ne saurait interdire à un artiste de représenter la souffrance qui en résulte, dès lors qu'il n'en fait pas l'apologie", ajoutent-elles. "Nous affirmons qu'il n'est pas admissible de faire un procès d'intention à l'artiste au motif qu'il est blanc, la lutte contre le racisme étant universelle et ne pouvant dépendre de la couleur de la peau, des origines ethniques ou des convictions religieuses de ceux qui la portent."
Exhibit B, est prévue du 27 au 30 novembre au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis et doit être accueillie au CentQuatre, à Paris, du 7 au 14 décembre.
>> Reportage à Poitiers où la pièce a été programmée, un sujet de Sandrine Leclerc avec Thomas Chapuzot