Sur ses réseaux sociaux, l'association "Osez le féminisme" dans le Calvados a exprimé ses réticences quant au choix du titre de la pièce de théâtre "Loue moi ta femme", programmée au Théâtre à l'Ouest de Caen (Calvados) en mars 2025.
"Pensez-vous qu'une pièce intitulée "Loue moi ton mari" aurait pu voir le jour ? Je ne suis pas sûre", s'interroge Juliette Lamy, militante féministe. Comme elle, certaines membres de l'association "Osez le féminisme" dans le Calvados ont été interpellées par "la marchandisation du corps féminin" suggérée par le titre de la pièce "Loue moi ta femme" de Caroline Steinberg.
"De l'humour maladroit"
Sur ses réseaux sociaux, le collectif a publié un communiqué de presse mardi 26 novembre pour alerter sur le caractère sexiste de la formulation. Et le danger qu'elle représente pour la liberté des femmes. "Une pièce comme celle-ci fait vivre le patriarcat et entretient même la culture du viol. Les femmes ne sont ni à louer, ni à vendre", avance Juliette Lamy, membre de l'association "Osez le féminisme" dans le Calvados.
Le collectif pointe du doigt "l'humour oppressif" que donne à voir la comédie. Selon le pitch, la pièce raconte l'histoire d'un homme proposant à l'un de ses meilleurs amis de louer sa femme pendant une semaine pour le sortir de la précarité. Cette transaction marchande n'est pour lui qu'une manière de réaliser son plus grand rêve : se marier.
Sous couvert d'humour, la pièce participe à la culture du viol. C'est rire aux dépens des femmes, notamment celles qui ont été victimes de viol et de sexisme.
Juliette LamyMembre de l'association "Osez le féminisme" dans le Calvados
L'association regrette également la mise en scène "d'une femme-objet" sur l'affiche. Celle-ci montre un homme tenant des dollars disposés à côté d'une bague de fiançailles, tandis qu'une femme pose dans une position lascive en arrière-plan. "C'est très maladroit dans le contexte du procès des viols de Mazan, pour lequel un mari est jugé pour avoir fait ce qu'il voulait de sa femme", ajoute Juliette Lamy.
Plusieurs dates à Caen
En deux ans de tournée en France, la metteuse en scène Caroline Steinberg n'avait jamais eu à justifier le titre de sa pièce mais la polémique ne l'étonne pas."Je comprends que cela puisse choquer mais j'ai choisi ce titre sans arrière-pensée. Je voulais qu'il interpelle et qu'il donne envie aux spectateurs de découvrir l'histoire", se défend l'auteure de la pièce "Loue moi ta femme".
Je pensais que le sujet marcherait bien mais c'était peut-être une erreur. Je suis prête à changer le titre de ma pièce s'il le faut.
Caroline SteinbergAuteure et metteuse en scène de "Loue moi ta femme"
"Il faut venir voir le contenu de la pièce car je montre justement qu'on ne peut pas louer une femme et ses sentiments. Au fil de ma pièce, le rôle des personnages s'inverse pour prôner la sexualité universelle et l'égalité des sexes", ajoute Caroline Steinberg.
La pièce a été programmée au Théâtre à l’Ouest de Caen en mars 2025, avec trois dates à l'affiche. Son directeur ne souhaite pas alimenter la polémique. "Nous proposons aussi des spectacles queer, drag ou féministe. Il me semble que notre programmation est à l’image des changements de la société”, répond Alexandre Lucas, à la tête du théâtre. De son côté, le collectif "Osez le féminisme" aimerait qu'un bref mot d'excuse soit prochainement publié par l'auteure.
