Alors que l'Institut catholique de Paris à Rouen accueillait, lundi 25 novembre 2024, le scientifique controversé René Ecochard pour une conférence, une centaine de personnes ont protesté contre la tenue d'un évènement jugé "transphobe".
Sur la route de Neufchâtel, en plein cœur de Rouen, l'agitation a grondé devant l'Institut Catholique de Paris (ICP).
Lundi 25 novembre 2024, une centaine de manifestants se sont réunis en début de soirée pour protester contre l'organisation d'une conférence au sein de l'établissement universitaire après l'appel de plusieurs syndicats.
📣 Rassemblement contre la conférence transphobe de René Écochard pic.twitter.com/0UL65kdmje
— UNEF-RS Rouen (@unefrouen_) November 24, 2024
Cette dernière était animée par René Ecochard, docteur en médecine et professeur à l'université Claude-Bernard (Lyon I) controversé pour ses propos sur l'IVG.
Un évènement auquel France 3 Normandie s'est vue refuser l'accès et qui démontre la tension qui régnait sur les lieux, entre des manifestants dénonçant le caractère transphobe et anti-IVG de la conférence et les participants appelant à la liberté d'expression.
"C'est une honte d'accueillir ce genre de conférence"
Éclairés par les gyrophares des véhicules de police présents, les manifestants postés devant le portail de l'Institut Catholique de Paris (ICP) crient leur colère alors que la conférence est sur le point de débuter. Dans la foule, on distingue notamment quelques syndicats comme Sud Éducation 76-27.
"Il y a un peu plus d'une semaine, nous nous sommes réunis avec d'autres organisations syndicales et associations pour réfléchir à l'action que nous souhaitions faire", souligne Marie-Hélène Duverger, syndicaliste Sud Éducation.
Une mobilisation qui s'est organisée après l'envoi par mail d'invitations à la conférence à des enseignants d'établissements privés de la part des autorités diocésaines de Rouen et contre laquelle le syndicat s'est vivement mobilisé.
"C'est inacceptable, nous sommes tous choqués de voir que le rectorat ferme les yeux. Ces enseignants, même s'ils sont sous contrat dans des établissements privés, ont comme ceux du public un devoir de neutralité. Ces invitations, c'est pour faire la propagande d'un discours misogyne et transphobe", s'indigne la syndicaliste.
Son mécontentement, Marie-Hélène Duverger l'explique aussi par la simple venue de René Ecochard. "Je connais ses théories, elles abordent la question du genre mais en considérant qu'il n'existe que deux genres et elles excluent les personnes transgenres. Sous couvert d'être chercheur, il partage ce genre de discours réactionnaire et d'extrême droite, c'est inadmissible."
Parmi les manifestants, des étudiants de l'ICP s'étaient également joints au mouvement. "C'est une honte d'accueillir ce genre de conférence", dénonce Axel, étudiant à l'ICP de Rouen. Accompagné par d'autres camarades, le jeune homme âgé de 18 ans est d'autant plus remonté par le fait que l'école n'aurait pas consulté ses élèves avant d'accueillir René Ecochard.
"Je paye mes études, donc l'école, et je n'accepte pas que la direction laisse ce genre de discours se propager dans l'établissement. Les théories de René Ecochard sont sexistes, transphobes et anti-IVG. Ça va à l'encontre même des valeurs de l'État qui a en partie financer l'école à travers la Métropole" reproche l'étudiant également membre des jeunes communistes du département.
"Je ne comprends pas les reproches "
À la sortie de la conférence, aux alentours de 22 heures, les protestataires ont déjà quitté les lieux depuis une heure. Alors que certains auditeurs s'empressent de rejoindre leurs voitures pour ne pas affronter le froid, d'autres ont choisi de pousser un peu plus la conversation devant l'établissement.
"C'était très intéressant, j'ai beaucoup appris", confie Franque-Emmanuel ravi. Assureur de profession et âgé de 61 ans, il exprime sa satisfaction d'avoir assisté à l'évènement.
"C'était accessible et basé sur des études scientifiques, j'ai ressenti cette conférence comme une évidence. Comme l'a dit René Ecochard, les hommes et les femmes sont de même humanité mais de natures différentes. Ce sont nos codes biologiques qui veulent ça : les femmes ont tendance à être plus tournées vers les émotions, l'empathie, alors que les hommes sont plus dans l'exploration ou dans l'entrepreneuriat", explique-t-il.
Un sentiment que partage également Guillaume Charoulet, ingénieur et membre du groupe d'opposition centre droit à la mairie de Rouen. "Il y avait beaucoup de personnes ce soir, environ 250 personnes. C'était vraiment intéressant et je ne comprends pas les reproches qui sont adressés à cette conférence ; pour moi il n'y avait rien de transphobe, on a seulement parlé des identités biologiques et pas du genre. On a l'impression que les bien-pensants veulent nous empêcher d'avoir accès à genre d'intervention", expose l'ingénieur.
Pour Agnès, professeur de philosophie, le constat est le même : "j'ai emmené ma fille de 15 ans assister à la conférence et elle a apprécié, c'était passionnant d'aborder l'homme et la femme de cette façon".
Si la conférence s'est déroulée sans incident, elle aura toutefois suscité une vraie division entre ses participants et les manifestants et mis en lumière les débats tendus qui animent la société concernant l'identité biologique et le genre.
René Ecochard, universitaire controversé
Docteur en médecine et professeur à l'université Claude-Bernard (Lyon I), René Ecochard suscite la polémique depuis plusieurs années auprès de nombreux syndicats et associations.
Ses travaux, qui abordent principalement la question du genre et l'interruption volontaire de grossesse (IVG), sont régulièrement critiqués pour leur approche considérée "comme misogyne, anti-IVG, homophobe, raciste et transphobe" par ses détracteurs.
Son intervention, lors de la conférence lundi 25 novembre et organisée par l'enseignement catholique du diocèse de Rouen, était nommée "Homme et Femme, naturellement différents". Elle avait pour vocation d'aborder les genres biologiques avec une approche scientifique.