Un reportage, diffusé par BFM-TV le 30 août 2023, révèle que l'association évangélique Torrents de vie, présente en Normandie, pratique toujours des thérapies de conversion. Ces méthodes homophobes sont illégales en France depuis 2022. Le procureur de la République a été saisi.
"Prière de renonciation", "prière pour se délivrer des ténèbres de l'homosexualité", organisateur affirmant que l'on ne naît pas homosexuel, mais qu'on le devient, méthodes pour "renoncer à ce feu du désir"... Dans leur enquête diffusée mercredi 30 août 2023, les journalistes de BFMTV révèlent les discours et les méthodes homophobes employées par l'association évangélique "Torrents de vie" pour "guérir" l'homosexualité.
Les images, édifiantes, ont été filmées lors d'un séminaire d'une semaine organisé en juillet à Ventabren, dans les Bouches-du-Rhône. Torrents de vie est présente dans une douzaine de départements français, dont le Calvados et la Seine-Maritime.
Des méthodes connues depuis plusieurs années
Ces thérapies de conversion, usant de discours culpabilisant et de méthodes de manipulations psychologiques, ont pour but de modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne LGBTQIA+. Les conséquences pour les victimes de ces "thérapies" peuvent être très graves. De nombreux témoignages ont afflué ces dernières années. En France, ces thérapies de conversion sont interdites par la loi depuis le 31 janvier 2022 et punies d'au moins deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
Le rôle de la structure Torrents de vie dans la propagation de ces "thérapies" est pointé du doigt depuis de nombreuses années. En 2012, ses actions avaient déjà fait parler d'elles en Suisse dans cet article du journal Le Temps. En 2019, le président et le coordinateur de l'association évangélique étaient auditionnés à l'Assemblée nationale dans le cadre de la mission d’information sur "les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne".
Le procureur de la République saisi, la Miviludes sollicitée
À la suite de la diffusion du reportage de BFMTV, le gouvernement a réagi et condamné ces pratiques. Ainsi, la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT) a saisi le procureur de la République, mercredi 31 août au matin, à la demande de Bérangère Couillard, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
Sonia Backes, la secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté, a, quant à elle, demandé à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) "d’étudier toutes les voies d’action possibles pour sanctionner l’association Torrents de vie et ses responsables".
"Les thérapies de conversion sont des méthodes abjectes que je condamne fermement", souligne Sonia Backes dans un communiqué.