Lundi 26 janvier, l'Assemblée nationale commence le débat sur la loi Macron. Des mesures qui avant Noël avaient hérissé les frondeurs du PS. Mais après les attentats de janvier, vont-ils pouvoir faire entendre leurs voix. Réponse avec Pascal Cherki, député PS de Paris.
A son bureau, Pascal Cherki relit les amendements qu'il a déposé pour le débat sur la loi Macron qui commence à l'Assemblée nationale, ce lundi 26 janvier. Le député socialiste parisien, avant Noël, faisaient partie des voix qui s'élevèrent contre nombre des mesures annoncées, notamment sur le travail du dimanche et la création à Paris de zones touristiques internationales.
Mais après la vague d'émotion suscitée par les attentats, la position des frondeurs du PS n'est-elle pas fragilisée ? Peuvent-ils entrer en conflit avec un gouvernement qui sort renforcé politiquement par la tragédie. Peuvent-ils briser l'unité au sein du PS ? Réponse avec Pascal Cherki, député PS de Paris.
Le contexte national encore imprégné de l'émotion suscitée par les actes terroristes à Paris va-t-il changer le ton des débats à l'Assemblée nationale lors de la discussion sur le projet de loi Macron ?
Pascal Cherki : "Il n' y a jamais eu un mouvement d'une telle ampleur. Ces marches du 11 janvier, c'est une mobilisation très forte qui remue en profondeur. Il y a la volonté du peuple français de dire qu'il tient à son modèle républicain... On va essayer de ramener le gouvernement vers l'essentiel. C'est dans cet état d'esprit là, que je suis. Je suis d'accord avec le constat fait par François Hollande et Manuel Valls. Mais, un pouvoir exécutif, ce ne sont pas des maîtres de conférence en sociologie à l'université. Qu'est ce qu'on fait maintenant ?
Il y a un hiatus entre le constat, encore une fois juste, fait par le gouvernement et les actes qui sont pris. Si on est d'accord sur le fait que c'est le modèle républicain qu'il faut remettre en dynamique, à ce moment là on ne met pas en oeuvre une politique libérale. On va essayer de débattre par rapport à cela avec hauteur de vue".
N'est ce pas là une habileté d'argumentaire de votre part ? Transformer un point de faiblesse (l'unité nationale qui muséle votre discordance) en point de force ?
Pascal Cherki : On est allé marcher pour exprimer un besoin et un désir de citoyenneté. Qu'est ce qui fait qu'on est ensemble et qu'on a des valeurs qui transcendent nos individualités ? Et la première loi qu'on fait, la première réponse symbolique qu'on apporte à cela, une fois les commémorations passées, c'est de dire que ce que vous êtes pour nous finalement ce sont des consommateurs individuels. Pour la République, vous êtes un agrégat de potentiels consommateurs du dimanche.
C'est peut-être la vision de quelqu'un qui a comme expérience professionnelle, le métier de banquet d'affaires, ce n'est pas le projet que je porte comme député socialiste et comme républicain.
Oserez-vous voter contre la loi Macron et affaiblir le gouvernement qui a besoin de légitimité pour combattre le terrorisme ?
Pascal Cherki : "Je ne braderai pas mes convictions. La question c'est de ne pas affaiblir la volonté du peuple et sa souveraineté. C'est une loi. Ce n'est pas un budget ou un vote confiance qui sont des instruments politiques. Une loi, ça se discute. Et si jamais la loi est rejetée, le gouvernement en proposera une autre. Ca ne peut pas être ou ce que je pense ou ce que je pense. Sinon où est le choix.
C'est dommage que le gouvernement corséte le débat par la procédure du temps programmé. On va faire avec. J'ai déposé des amendements. On verra s'ils sont repris et si je suis entendu. A la fin, si j'estime que la loi reste dans son cours actuel, son épure voulue par Bruxelles, je ne la voterais pas, je pourrais même voter contre".