Plusieurs associations ont dénoncé vendredi la situation des adolescents étrangers isolés à Paris. Ils sont scolarisés mais se retrouvent dans la rue lorsque l'administration refuse de reconnaître leur statut de mineurs.
Ils sont lycéens le jour et SDF dès que les cours s'achèvent. Certains trouvent refuge dans les établissements qui acceptent de les accueillir, beaucoup se retrouvent à la rue. Depuis plusieurs mois, le sort des mineurs étrangers isolés dans la région inquiète les associations. Ils seraient 1700 dans la capitale.
Des jeunes piégés par un flou juridique
En effet, ces jeunes souvent originaires d'Afrique de l'Ouest (Mali, Côte d'Ivoire, Sénégal, Guinée...) ou d'Afghanistan débarquent en France. Ils affirment être mineurs mais ils doivent prouver leur âge face à une administration de plus en plus réticente à reconnaître leur situation. Pour régulariser leur situation ils sont reçus pour des entretiens, doivent fournir des documents d'identité et sont souvent soumis à des tests osseux contestés - un test datant des années 1950 reconnu non fiable par les professionnels eux-mêmes - destinés à déterminer leur âge, souvent sur une fourchette entre 18 ans et 30 ans.
S'ils sont reconnus mineurs leur sort relève de l'Aide sociale à l'enfance et leur prise en charge est alors assumée par les départements. Les associations dénoncent le flou juridique autour des jeunes dont la demande a été rejetée parce qu'ils ne sont pas considérés comme mineurs par les autorités mais qui ne sont pas forcément considérés comme majeurs... faute de papiers d'identité prouvant qu'ils ont plus de 18 ans.
Selon les associations, le taux d'acceptation des dossiers de mineurs étrangers à Paris est passé de 50% en 2014 à moins de 20% depuis le début de l'année. C'est pourquoi l'association Droit au Logement s'est exprimée devant la Permanence d'accueil et d'orientation des mineurs isolés étrangers (Paomie), dans le 19e arrondissement de Paris. Jean-Baptiste Eyraud réclame "l'application de la loi. Il y a un dispositif de protection des mineurs en France, il faut le respecter et cesser les tracasseries administratives qui jettent les mineurs dans la rue, où ils peuvent se retrouver en danger".
Paris promet d'améliorer l'accueil des mineurs étrangers isolés
De son côté, la mairie de Paris souligne qu'elle a accompagné 1.800 mineurs isolés en 2014, avec un coût de prise en charge d'environ 5.000 euros par personne par an, pour un investissement total de quelques 90 millions d'euros en 2014, qui a été multiplié par trois depuis 2008.
En août 2014 le Défenseur des droits, avait épinglé Paris et dénonçait des "mineurs en errance sur le territoire parisien", "peinant à être pris en charge" et "ne bénéficiant pas des mesures de protection et d’accompagnement prévues par la Convention internationale des droits de l’enfant."
Dominique Versini, adjointe en charge de la protection de l'enfance à la mairie de Paris promet : "Nous allons annoncer fin mars un nouveau dispositif qui va considérablement améliorer la prise en charge."
En France, le nombre de mineurs étrangers isolés - qui ne sont pas expulsables - est estimé entre 4 et 9.000. La plupart se concentre sur quelques territoires, la Seine-Saint-Denis, Paris et le Pas-de-Calais.