La municipalité de Corbeil-Essonnes a décidé vendredi soir de baptiser une avenue Serge-Dassault, maire de 1995 à 2009, à l'entrée de la ville. La nouvelle artère au nom de l'avionneur et sénateur UMP de l'Essonne entraînera la débaptisation d'une partie du boulevard Jean-Jaurès.
Jean Jaurès devra donc faire un peu de place à l'ancien maire de la ville et actuel sénateur UMP de l'Essonne Serge Dassault. La municipalité a décidé de rebaptiser une partie du boulevard la N7, au niveau de l'entrée de ville. Une première délibération en ce sens avait été votée le 30 mars.
Un voisinage qui peut paraître insolite aux yeux de certains et qui ne fait pas l'unanimité.
"C'est pour le remercier de l'ensemble du travail qu'il a accompli sur la commune depuis 40 ans", a déclaré Jean-Pierre Bechter, UMP, son bras droit et successeur à la mairie, joint par l'AFP.
Le conseiller municipal communiste Bruno Piriou a, lui, ironisé sur "un cadeau fait au +seigneur+ pour ses 90 ans", fêtés le 4 avril. "C'est une régression pour les valeurs de la République incarnées par Jaurès", a-t-il réagi auprès de l'AFP, regrettant un vote "sans débat". "Quand on entend parler de Corbeil-Essonnes, c'est plus pour parler des affaires judiciaires visant Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault que du bon vivre dans la commune", a-t-il encore déploré.
Maire de 1995 à 2009 de l'ancien bastion communiste de l'Essonne, Serge Dassault a été mis en examen en avril 2014 pour sept millions d'euros de dépenses destinées à obtenir des suffrages. Lui-même a reconnu des dons à des habitants mais a réfuté tout lien avec les élections. Jean-Pierre Bechter est aussi mis en examen dans ce dossier.
La création de cette avenue, adoubée par la famille du milliardaire, a été adoptée grâce aux voix de la majorité municipale. "Elle prendra effet immédiatement après le contrôle de légalité de la délibération", a indiqué M. Bechter, précisant qu'elle concerne une portion dépourvue d'adresses postales.
En revanche, pas d'avenue au nom de Roger Combrisson, maire communiste de Corbeil de 1959 à 1992: la famille de l'ancien édile décédé en 2008 a décliné la proposition de la majorité de débaptiser l'avenue Salvador Allende, président socialiste chilien renversé en 1973 par un coup d'Etat du général Pinochet. "Il y aura d'autres propositions" faites à la famille, a assuré M. Bechter.