« La haine » 20 ans après

Retour sur les lieux du tournage du film de Matthieu Kassovitz. Qu'est-ce qui a changé depuis la sortie du film qui fit scandale.

Société
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En 1995, Matthieu Kassovitz ne pensait créer une telle polémique. Accusé d'attiser la haine dans les cités et de vouloir provoquer une révolte des jeunes banlieusards, il aura fallu attendre les émeutes de 2005 pour comprendre à quel point son film était visionnaire. 

"La Haine" reste d'une surprenante modernité.

L'histoire du film :
"Trois copains d'une banlieue ordinaire traînent leur ennui et leur jeunesse qui se perd. ils vont vivre la journée la plus importante de leur vie après une nuit d'émeutes provoquées par le passage à tabac d'Abdel Ichah par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire."

"C'est l'histoire d'une société qui tombe et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : 'Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'ici tout va bien.' L'important, c'est pas la chute. C'est l'atterrissage." La réplique culte du film a une résonnance toute particulière.
« La Haine » est inspirée de l’affaire Makomé M’Bowolé, zaïrois de 17 ans tué d’une balle dans la tête par un policier lors de sa garde à vue dans le 18e arrondissement de Paris en 1993.
Le film reviendra au devant de l'actualité avec les émeutes de 2005. Le 27 octobre 2005, deux adolescents trouvent la mort électrocutés dans un transformateur EDF en cherchant à fuir un contrôle de police à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. En réaction à ces morts, des violences éclatent dès la nuit suivante à Clichy-sous-Bois et dans la commune voisine de Montfermeil. A partir du 1er novembre, les émeutes gagnent rapidement de nombreuses villes de banlieue parisienne, puis s'étendent à des zones urbaines sensibles dans toute la France. Face à ces violences dont l'extension est croissante, les autorités déploient des forces de police considérables. Le 8 novembre, le gouvernement Villepin décide, en application de la loi du 3 avril 1955, adoptée durant la guerre d'Algérie, de décréter l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire métropolitain, état d'urgence qui est ensuite prorogé pour une période de trois mois. Les préfets reçoivent ainsi l'autorisation d'instaurer si besoin le couvre-feu.

Un autre fait divers tragique provoquera de nouveau des émeutes en 2007 à Villiers-le-Bel dans le Val-d'Oise, pendant deux jours, du 25 au 27 novembre 2007, entre plusieurs centaines d'individus et les forces de police françaises, après la mort de deux adolescents, de 15 et 16 ans, renversés en moto-cross par une voiture de police aux environs de 17 heures le dimanche 25 novembre. Moushin Sehhouli, 15 ans, et Laramy Samoura, 16 ans, sont tués dans la collision de leur moto-cross avec une voiture de police.
 

En 2015, Place Stalingrad, dans le 19e arrondissement une affiche détourne l'originale avec humour.

 

Reportage de Aude Blacher et Yoan Malka

Anecdotes de tournage à Chanteloup-les-Vignes
À leur arrivée sur place, les membres de l’équipe ont été pris pour des militaires et se sont fait caillasser.
L’équipe a vécu deux mois dans la cité, dans deux appartements, dont un qui s’est fait cambrioler. Le reste du tournage s’est déroulé sans encombres, notamment grâce à l’association Les Messagers qui reposait sur le concept de « grands frères ».
Mathieu Kassovitz préside depuis près d'un an le centre d'action sociale, planté au coeur de la cité Noé.
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