Des représentants de tribus amérindiennes ont décidé d'introduire un recours contre une nouvelle vente aux enchères d'objets sacrés prévue mercredi à Paris.
Les Indiens hopi et pueblo acoma demandent la suspension d’une nouvelle vente d’objets sacrés prévue à Drouot, ce mercredi. Le président de la tribu Hopi d'Arizona, le gouverneur de la tribu du Pueblo Acoma, du Nouveau-Mexique, ainsi que l'"Holocaust Art Restitution Project" Harp) ont annoncé dans un communiqué conjoint le dépôt d'"une requête devant le Conseil des ventes français afin d'obtenir la suspension administrative de la vente"."Pour des raisons légales, culturelles et morales, ces objets ne peuvent ni être vendus ni faire l'objet de transactions", estime Ori Z. Soltes, président de l'Harp, organisation basée à Washington qui se consacre à l'identification et à la restitution d'oeuvres d'art volées. "Nous déposerons toutes les requêtes pertinentes afin de protéger les droits des Acomas et des Hopis devant les juridictions", ajoute Ori Z. Soltes.
Pour le président de la tribu Hopi, Herman G. Honanie, cité dans le communiqué, "la position des Hopis n'est pas négociable: ces ventes doivent cesser".
La vente, qui doit se tenir à Drouot mercredi, comprend une dizaine de masques et de statuettes des tribus Hopi et Acoma, dont certaines pièces estimées à plusieurs dizaines de milliers d'euros. A quatre reprises depuis 2013, des tribus amérindiennes ont tenté de faire interdire des ventes similaires en France, sans jamais obtenir gain de cause. Elles s'étaient notamment pourvues en justice, avec le soutien de l'ambassade des Etats-Unis à Paris. La dernière vente d'objets sacrés amérindiens s'est tenue à Drouot en décembre dernier.
Ces tribus soupçonnent notamment une exportation frauduleuse de ces pièces sacrées vers la France, mais les organisateurs des ventes font valoir leur totale légalité. Dans les milieux des ventes aux enchères, on souligne aussi que plusieurs milliers de masques ont été vendus par les Hopis eux-mêmes et que leur commerce s'est établi rapidement à la fin du XIXe siècle.
Certains spécialistes assurent également que la grande majorité des masques appartiennent aux individus et qu'aucun texte n'en mentionne la propriété tribale. La tribu Hopi, reconnue par le gouvernement des États-Unis, est l'une des tribus traditionnelles les plus religieuses du pays. Elle compte 18.000 membres qui vivent dans le nord-ouest de l'Arizona. La tribu du Pueblo Acoma, elle aussi reconnue par le gouvernement fédéral, vit à l'ouest d'Albuquerque, au Nouveau Mexique. C'est l'une des plus anciennes communautés tribales des Etats-Unis, ses traditions remontant à plus de deux mille ans.