Renforcement du protocole sanitaire, plus de postes, meilleurs salaires et reconnaissance de leur métier... Tout comme les enseignants, les accompagnants des élèves en situation de handicap, plus connus sous le nom d'AVS, Auxiliaires de vie scolaire, ont manifesté ce mardi après-midi à Paris.
"La colère gronde" témoigne Anne, accompagnante d'enfants handicapés (Aesh) en Seine-et-Marne. Son travail : venir en aide aux élèves en situation de handicap au sein des établissements scolaires et les accompagner dans leur apprentissage sous la responsabilité pédagogique des enseignants.
Elle sait, tout comme Virginie Cassand, Aesh et représentante syndicale SNES-FSU, qu’elles sont peu nombreuses à pouvoir manifester dans les rues parisiennes. "Peu d’entre nous ont les moyens de faire grève et renoncer à un jour de salaire ou risquer de perdre son emploi", affirme Anne.
Virginie Cassand a tenu à descendre dans la rue. "Il n’y a pas que les profs qui sont personnels de l’Education nationale. Il y aussi les CPE, des assistants d’éducation, les personnels qui font le ménage et nous subissons tous la crise sanitaire". Et de poursuivre :"Nous aussi accompagnants des élèves handicapés sommes confrontés aux classes surchargées. Le protocole sanitaire n'est pas sérieux. Il faut donc recruter ou trouver des locaux pour décharger les classes. Il n’y a pas d’actes derrière les paroles du gouvernement", dénonce la représentante syndicale.
Des revendications catégorielles multiples
Anne anime une page Facebook et relaie la parole, les revendications et la souffrance des ex-AVS en Seine-et-Marne. Leur statut, leur salaire, la nouvelle organisation de la profession avec le déploiement en 2019 de Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) exacerbent également leur colère. Sans parler du manque de reconnaissance de ce métier.Les Aesh sont des contractuels de l’Education nationale. "Nous ne serons jamais titulaires de l’Etat même si au bout de 6 ans nous pouvons obtenir un CDI. Il y a donc pas mal de démissions vu les conditions de travail et surtout le salaire" avance Anne. "Nous avons le point d’indice le plus bas dans l’Education nationale. Avec 29 heures par semaine on gagne autour de 700, 800 euros par mois.1000 euros pour certains", atteste-t-elle.
Les enfants ont droit à quelque chose qu’on ne leur donne pas
Avec la mise en place des Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (les Pials), les Aesh ont vu évoluer leur organisation de travail. "Sur une même journée, des collègues passent leur temps à passer d’établissement en établissement. On ne s'occupe plus de 1 ou 2 enfants mais de 4 ou 5 par semaine. On ne suit pas les recommandations d’heures demandée la MDPH, la maison départementale des personnes handicapées, on saupoudre. J’ai une collègue qui voit son élève 2 fois 1 heure 30 par semaine alors qu'il aurait besoin d'un suivi plus important. Les enfants ont droit à quelque chose qu’on ne leur donne pas", s'insurge Anne.
Même avis pour Virginie Cassand. "Dans l’académie de Paris, depuis que le Pial a été mis en place, on a perdu en qualité de travail. Les collègues accompagnent plus d’enfants qu’avant en aide mutualisée. Il n’y a plus de suivi pertinent de l’enfant. Les conditions de travail se sont dégradées", confirme-t-elle.
En Seine-et-Marne, environ 2000 accompagnants sont en poste : 90% d'entre eux sont "mutualisés", ils s'occupent de plusieurs enfants ou adolescents et 10%" individualisés" et ne suivent qu'un seul enfant. Pour Anne, "beaucoup d’enfants sont en attente d'un accompagnant. Alors pour faire face, l'Education nationale déshabille Pierre pour habiller Paul. On enlève des heures à certains pour en mettre à d’autres. Par ailleurs, nous sommes confrontés à des enfants de plus en plus handicapés. Certains sont en attente de place dans les IME, les instituts médicaux-éducatifs. Mais eux aussi manque de places", regrette-t-elle.
L'Education nationale recrute des accompagnants
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a affirmé le droit à la scolarisation pour tous les élèves en situation de handicap. Le nombre d’élèves handicapés est plus élevé au collège et au lycée que dans le premier degré. Selon l'Académie de Paris, "la scolarisation au-delà de seize ans se développe, notamment grâce à l’inclusion en formation professionnelle"."A Paris, il y avait 2950 Aesh en juin dernier, 3050 aujourd'hui" détaille le Rectorat par écrit, précisant mener une politique de recrutement en permanence des personnels Aesh. L'académie compte également 10 027 élèves relevant d’un PPS, un projet personnel de scolarisation, en 2019 pour 9 714 en 2017.