La situation revient progressivement à la normale, ce dimanche matin à Orly. Mais au lendemain de l'attaque de l'aéroport, les enquêteurs tentent d'établir ce qui a pu pousser Ziyed Ben Belgacem, braqueur multirécidiviste, à un tel acte qui lui a coûté la vie.
La situation revient progressivement à la normale, ce dimanche matin à Orly. La direction de l'aéroport espère un trafic totalement habituel en fin de matinée. Elle précise que les parkings d'Orly sont gratuits jusqu'à dimanche midi.
Une centaine de personnes qui n'avaient pu prendre leur vol hier, samedi 18 mars, en raison des importantes perturbations entraînées par l'attaque d'une patrouille de l'opération Sentinelle et la fermeture des deux aérogares pendant plusieurs heures, ont dormi à l'aéroport d'Orly, qui a installé des lits d'appoint pour l'occasion, Les compagnies aériennes ont aussi hébergé entre 100 et 200 personnes dans les hôtels de l'aéroport.
Braqueur irréductible ou jihadiste opportuniste
Mais les enquêteurs s'interrogent aujourd'hui sur ce passage à l'acte jihadiste. Ils tentent d'établir ce qui a pu pousser Ziyed Ben Belgacem, délinquant multirécidiviste, à s'en prendre à une patrouille de militaires, un acte qui lui a coûté la vie.Ce dimanche, le frère et le cousin de Ziyed Ben Belgacem, c'est le nom de l'assaillant d'Orly, étaient toujours en garde à vue tandis que son père a été relâché hier soir, samedi. Son père et le frère s'étaient présentés d'eux-mêmes au commissariat hier en fin de matinée. Son cousin s'était, quelques heures plus tard, également présenté spontanément à la police.
D'après les déclarations du père et du frère, l'agresseur, après avoir tiré sur des policiers lors d'un contrôle routier au nord de Paris une heure et demie avant l'attaque d'Orly, les avait contactés, leur confiant avoir "fait une bêtise".
Le père de Ziyed Ben Belgacem a raconté à la police ce qui s'était passé hier matin : « Il me téléphone à sept ou huit heures du matin. Il était énervé à l'extrême, même sa mère n'arrivait pas à le comprendre. Il me dit :"Voilà papa, je te demande pardon, j'ai fait une connerie avec un gendarme"... Je lui ai dit : "non, moi je ne donne pas mon pardon parce que tu as touché à un gendarme" ».
Il tente alors de savoir où est son fils, pour venir le voir, mais Ziyed Ben Belgacem répond seulement qu'il "est sur l'autoroute" avant de mettre fin à la conversation et foncer vers la banlieue sud, où il volera une autre voiture avant d'aller à Orly.
Inquiet, le père explique alors s'être rendu au commissariat, où il a été placé quelques heures en garde à vue.
« Lorsque j'arrive au commissariat c'est là où j'ai trouvé que la police avait fait son travail. Ils ne m'ont pas dit directement qu'il était décédé. C'est un choc, mais qu'est-ce que vous voulez ? C'est la fréquentation et la drogue... En fin de compte, c'est moi qui paye », raconte le père de Ziyed Ben Belgacem.
Le terme d'un parcours destructeur
Alors qu'est-ce qui a fait passer cet homme de la condition de braqueur obstiné à celle d'un jihadiste d'un jour ? Les circonstances ? L'alcool ou la drogue ? la fuite en avant ? L'assaillant se trouvait dans « une sorte de fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur » , a commenté samedi soir le procureur de Paris François Molins. Il avait lancé aux militaires au moment de l'agression: « Je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts ».Ziyed Ben Belgacem avait jeté au sol un sac contenant un bidon d'hydrocarbures juste avant l'attaque. Il a été retrouvé sur lui 750 euros, un exemplaire du coran, un paquet de cigarettes et un briquet et, à son domicile, de Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise) quelques grammes de cocaïne et une machette.
Pour le parquet, qui a ouvert une enquête notamment pour tentative d'homicide et d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, l'agression d'Orly est "le terme d'un parcours violent et destructeur".