Le cas de Yusuf Cinar, le troisième homme originaire d'Evreux mis en cause dans la mort de Samuel Paty, est étudié ce mercredi 4 décembre et jeudi 5 décembre 2024 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Le jeune homme de 22 ans a notamment fait partie de la jihadosphère, dans laquelle évoluait le terroriste Abdoullakh Anzorov.
Au procès de l'assassinat du professeur Samuel Paty, trois Normands comparaissent devant la cour d'assises spéciale de Paris. Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud sont soupçonnés de complicité d'assassinat terroriste. Yusuf Cinar est lui entendu pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Depuis le 4 novembre 2024, huit personnes au total sont jugées pour déterminer les éventuelles complicités et responsabilités dans la mort du professeur d'histoire-géographie.
Yusuf Cinar, membre de la jihadosphère ?
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty est assassiné non loin de son collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines). Le terroriste Abdoullakh Anzorov, originaire d'Evreux (Eure), avait alors été abattu par la police.
Quelques minutes après la décapitation de l'enseignant, la revendication de l'attentat est publiée sur un groupe Snapchat dans lequel se trouve Yusuf Cinar. Le lendemain, le jeune homme est interpellé et placé en garde à vue.
Déjà connu pour des faits de droit commun, Yusuf Cinar reconnaît lors de sa première audition être "un ami assez proche" d'Abdoullakh Anzorov. Les deux se sont rencontrés entre 2015 et 2016, à la sortie du collège Pablo Neruda d'Évreux. "Je le considérais comme un frère mais je ne le voyais pas trop, on se parlait sur Snapchat", déclarait-il en garde à vue. Rapidement, il se désolidarise de l'attentat expliquant que le geste d'Anzorov "avait sali l'islam".
La justice lui reproche "d'avoir conforté le terroriste dans son projet juste avant la commission des faits", et "d'avoir diffusé des vidéos en hommage à Abdoullakh Anzorov" après l'attentat.
Les deux ont appartenu aux mêmes groupes de discussion, et pas seulement sur l'application Snapchat où les enquêteurs avaient retrouvé la photographie de la revendication de l'attentat.
L'enquête a aussi montré que le jeune homme a fait plusieurs recherches "inquiétantes" sur internet durant l'année 2020. Il s'est notamment intéressé de près à l'Etat Islamique, Daesh, des armes d'assaut et à des actes de tortures.
"Je savais que Yusuf finirait aux assises"
Yusuf Cinar, originaire de Turquie, a grandi dans un environnement familial porté sur l'islam. Ses parents étaient notamment connus pour "être des fondamentalistes religieux".
Durant la troisième semaine de procès, à la mi-novembre, un ancien professeur de Yusuf Cinar, témoigne de l'endoctrinement familial. "Il n'avait pas les repères et était livré à lui-même" se souvient l'enseignant. Malgré de nombreuses alertes faites auprès des services sociaux, le jeune homme reste isolé. "Je savais que Yusuf finirait aux assises", raconte, avec les larmes aux yeux, le professeur désormais retraité.
Pour les faits d'associations de malfaiteurs terroristes criminelles, Yusuf Cinar encourt 30 ans d'emprisonnement. Jusqu'à présent, le jeune homme n'a pas pris la parole. Dans le box il écoute les débats, et reste le plus souvent tête baissée.