Au Microlycée, de nouvelles méthodes pour motiver les décrocheurs

"Go, Go, Go! Ne te retourne pas et fonce!!!" Affichés sur les marches grises de l'escalier qui mène au Microlycée du Val-de-Marne, des messages en lettres jaunes encouragent l'ex-décrocheur vers la reprise de sa scolarité.

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Vendredi, le gouvernement doit annoncer sa stratégie de lutte contre le décrochage scolaire, qui affecte chaque année 140.000 jeunes quittant l'école sans diplôme ni qualification. François Hollande s'était engagé à diviser ce nombre par deux pendant son quinquennat. Structure encore rare en France, le Microlycée 94, créé en 2008 au sein du lycée Jean-Macé de Vitry-sur-seine, accepte sur entretien les élèves "sans solution scolaire", explique la coordinatrice Anna Iribarne.

De 16 à 25 ans, ils ont souvent décroché à la suite d'un accident de la vie. "Jeunes mamans, jeunes papas", suivis médicalement ou rentrés dans le monde du travail par nécessité financière, les 90 élèves avaient abandonné l'école pendant plus d'un an.

"Ça a été un très long voyage", se souvient Alistair, désormais en terminale éco. Ce gaillard de 21 ans avait décroché deux années, alors qu'il était en classe de première. "Les professeurs n'ont pas suffisamment de temps pour prendre en charge les personnes qui ont vraiment des difficultés, non pas scolaires, mais personnelles", dit-il pudiquement. Pour qu'il reprenne pied, sa grand-mère a trouvé sur internet la ligne directe du Microlycée.

Pour Florence Lhomme, professeure de français, "avoir décroché, ce n'est pas rien": "ces élèves nous obligent à développer des stratégies pédagogiques différentes, à nous questionner". "C'est beaucoup de travail, mais on se sent vivant", lâche-t-elle. Le résultat est là: 78% de réussite au baccalauréat (sections L, ES et STMG).

Chaque matin, l'assistant d'éducation appelle les retardataires sur leur portable. Dans la salle commune, les professeurs partagent café et jus de fruits avec ceux qui ont répondu à l'appel. Et pendant les cours, la mise en pratique des connaissances est privilégiée, quitte à apprendre chez soi en regardant des courtes vidéos réalisées par les professeurs et publiées sur Youtube.

Accompagner aussi après le bac

Dans une salle voisine, une quinzaine d'élèves - le maximum par classe - étudient. Le professeur n'est pas encore là. Arrivé depuis une semaine, Jérémy, 19 ans, catogan et veste de survêtement du Manchester United, raconte être passé par l'intérim "comme préparateur de commande" après un bac pro. "Je ne voulais pas faire ce travail toute ma vie, alors j'ai repris les études", dit-il dans un sourire.

Les professeurs "multiplient les solutions pédagogiques", assure Anna Iribarne, qui enseigne aussi les mathématiques. La connexion un peu lente du lycée est mise à rude épreuve pour publier sur internet les projets artistiques de l'établissement. Par internet également, chaque enseignant entretient un contact quotidien avec les huit élèves dont il est "référent". "La partie éducative est clairement assumée et revendiquée", reprend Marie-Laure Gache, professeure d'histoire-géo, qui a cofondé l'établissement sur le modèle de celui de Sénart (Seine-et-Marne), né en 2000. En mars 2010, une circulaire ministérielle proposait de créer un "microlycée" par académie. 

"Les profs ne sont pas psychologues, mais ils trouvent parfois les solutions qui aident l'élève à revenir en cours", estime Cassandra Anseaume, une ancienne élève, qui avait abandonné en troisième après la naissance de sa fille. "En arrivant, c'était dur. J'avais peur des gens après ce qui m'était arrivé", raconte cette jeune fille de 20 ans. En quatre ans, elle dit s'être "ouverte aux autres", a obtenu son bac, et poursuit maintenant un BTS Management des unités commerciales. "Ce n'est pas ce que je voulais faire à la base, mais c'était ma dernière chance."

Accompagner les élèves pour qu'ils réussissent aussi après le bac, c'est désormais l'enjeu pour l'équipe enseignante. "Je suis très bien ici, mais j'ai peur pour la suite", confirme Alistair dans l'unique couloir qui dessert les classes. "Quand on va arriver en école supérieure, le niveau sera peut-être plus élevé, mais on aura nous aussi eu notre propre expérience", se rassure t-il.

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